La déconfiture d’Areva n’en finit pas ! Le fleuron du nucléaire a été mal géré. L’Etat a été un piètre actionnaire. Mais ce n’est pas une raison pour obliger EDF à résoudre tous les problèmes d’un Areva tantôt concurrent, tantôt fournisseur.
Et pourtant, c’est ce qui arrangerait l’Etat actionnaire : mettre le moins d’argent possible sur la table pour sauver Areva (dont il possède 87 %) quitte à plonger dans les poches profondes d’EDF (84,5 %).
Ce serait oublier un peu vite que les deux sociétés ont des minoritaires. Ceux d’Areva ont tout perdu ou presque. Ceux d’EDF possèdent 15,5 % du capital d’une société qui vaut encore 39 milliards €. Les salariés (1,7 %) et les actionnaires individuels (2,8 %) ont près de 2 milliards € investis en actions de l’électricien. Comment protéger leurs intérêts ?
L’Agence qui gère les participations de l’Etat ( APE) a tiré la sonnette d’alarme : si l’Etat qui est des deux côtés de la négociation ne reste pas en dehors des discussions, EDF sera blacklisté. Inutile d’espérer lever de nouveaux capitaux en Bourse pour financer les investissements et la mauvaise image de l’Etat-actionnaire peut déteindre partout où il est présent.
Pour prévenir les conflits d’intérêt Régis Turrini, le patron de l’APE, avait mis en place des comités d’actionnaires indépendants chez Areva comme chez EDF. L’électricien était prêt à reprendre certaines activités d’Areva et à en assurer leur viabilité car c’était dans son intérêt. Et l’Etat devait faire le reste, combler les pertes passées d’Areva et se charger des lourds passifs à venir. Or, Régis Turrini vient de démissionner de son poste de directeur de l’APE, et il faut craindre que l’accord EDF Areva ne prenne une autre tournure.
Les conseils d’administration d’Areva et d’EDF n’ont pas vraiment entériné un accord pour l’instant. Tout au plus des pistes se précisent. C’est donc simplement « un protocole d’accord formalisant l’état d’avancement des discussions relatives au partenariat » qui a été formalisé et accepté par les conseils d’administration des deux groupes. Aucune solution globale capable d’assurer la viabilité d’Areva, n’est bouclée pour l’instant. Areva indique avoir besoin de trouver 3,4 milliards € d’ici 2017 et peut-être même plus tôt. L’Etat, lui ne s’est pas engagé à apporter ces fonds. Le nucléaire étant un secteur vital pour l’économie et la sûreté nationale, il ne faut pas se réjouir de cette incertitude qui peut peser sur la sûreté nucléaire.
Pour ceux qui ont manqué une partie de l’histoire, nous avons reconstitué la chronologie d’un accord EDF Areva forcément imparfait, et qui est loin d’être bouclé.
Phase 1 : Changement de gouvernance chez EDF et Areva en vue d’un rapprochement des objectifs
25 février 2014 : le Président de la République aurait décidé de ne pas renouveler le mandat d’Henri Proglio à la tête d’EDF qui expire le 22 novembre prochain, selon le Canard enchaîné. Motif prétexté : Henri Proglio avait fait l’objet d’une enquête de l’Inspection Générale des Finances s’agissant d’un partenariat signé en 2011 avec un concurrent chinois, CGNPC. Le patron d’EDF aurait négocié seul et contre l’avis du gouvernement, afin de court-circuiter Areva et de bénéficier d’un accès privilégié au marché chinois, quitte à effectuer des transferts de technologie.
7 mai 2014: Acquisition d’Euriware, filiale de services informatiques d’Areva, par Cap Gemini.
1er septembre 2014: Remise à Teollisuuden Voima Oyj (TVO), compagnie privée finlandaise de production d’électricité, d’un calendrier actualisé du projet de l’EPR d’Olkiluoto 3. La mise en service est prévue en 2018.
2 octobre 2014 : Signature d’un accord-cadre avec EDF sur la fourniture des études et la fabrication des combustibles pour 2015-2021.
9 Septembre 2014 : Standard & Poor’s place les notes d’Areva sous surveillance avec implication négative ce qui fait craindre une prochaine dégradation du rating en catégorie spéculative. Le refinancement auprès des banques et sur les marchés risque de se compliquer encore pour Areva.
8 octobre 2014 : Pierre Blayau, président d’Areva, impose de réduire la voilure. Au programme : baisse des investissements (moins 200 millions €) et cessions d’actifs (moins 400 millions €).
9 octobre 2014 : S&P confirme les notes d’Areva avec une perspective négative. Il maintient ainsi la note de crédit long terme à « BBB- » et celle de crédit court terme à « A-3 ».
15 octobre 2014 : Chez EDF, le gouvernement décide de nommer Jean-Bernard Lévy, PDG de Thales, à la tête de l’entreprise en remplacement d’Henri Proglio. Une AG d’EDF est convoquée pour le 21 novembre.
20 octobre 2014 : Luc Oursel, président du directoire d’Areva, annonce qu’il n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions.
22 octobre 2014 : Pierre Blayau réunit le Conseil de Surveillance et confie à Philippe Knoche les mêmes pouvoirs que ceux du président du directoire jusqu’à la tenue de la prochaine assemblée générale qui décidera du changement de gouvernance. Il est prévu que le groupe opte pour un statut d’entreprise à conseil d’administration, avec un président et un directeur général et réunisse une AG le 9 décembre.
14 novembre 2014 : Pierre Blayau, président du conseil de surveillance d’Areva, ne sera pas reconduit à son poste à l’occasion du prochain changement de mode de gouvernance. Selon le monde, « L’Etat souhaite que Philippe Varin, ex-DG de PSA entre au conseil d’administration d’Areva en vue d’en prendre la présidence », indique l’entourage d’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie et de l’industrie. L’AG d’Areva qui devait se tenir le 9 décembre 2014, avec pour objectif la transformation de la gouvernance, est reportée.
15 novembre 2014 : Pierre Blayaud est reçu à Matignon pour rendre compte de la situation chez Areva.
18 novembre 2014 : Areva suspend ses objectifs financiers pour 2015 et 2016.
De son côté EDF reporte à 2017 le démarrage du réacteur nucléaire de l’EPR de Flamanville, prévu initialement en 2016. Ces retards résultent notamment « de difficultés rencontrées par Areva sur les livraisons d’équipements tels que le couvercle et les structures internes de la cuve de la centrale », précise EDF.
19 novembre 2014 : Suite aux déclarations d’Areva qui remet en question ses objectifs, le ministre de l’Économie Emmanuel Macron se veut rassurant. « Ce ne sont pas des informations qui sont de nature à compromettre la viabilité de la société » déclare-t-il à Reuters et l’État « prendra toutes ses responsabilités ».
20 novembre 2014 : S&P abaisse les notes de la dette d’Areva et maintient une perspective « négative » sur le groupe. Le rating est ramené de « BBB- » à « BB+ » pour la note à long terme et de « A-3 » à « B » pour la note à court terme.
21 novembre 2014 : L’AG d’EDF vote la nomination de Philippe Varin, futur président d’Areva et Jean Bernard Lévy, président de Thales appelé à devenir PDG d’EDF, comme administrateurs.
22 novembre 2014 : EDF déclare ne pas être demandeur d’une évolution de l’actionnariat de sa filiale Réseau de Transport d’Electricité (RTE), l’opérateur du réseau de transport d’électricité français, alors que des rumeurs font état de la consultation de banquiers d’affaires dans ce but. Selon certaines sources, l’électricien public sonderait des banquiers en vue d’ouvrir le capital de RTE.
23 novembre 2014 : le conseil d’administration nomme Jean-Bernard Lévy à la tête d’EDF, il remplace Henri Proglio.
25 novembre 2014 : Jean-Bernard Lévy désigné PDG d’EDF par intérim est auditionné à l’Assemblée nationale et au Sénat avant que sa nomination ne soit officiellement validée par le président de la République.
26 novembre 2014 : Selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Areva n’a pas apporté tous les éléments de réponse en matière de sûreté pour le remplacement des générateurs de vapeur de la centrale nucléaire d’EDF au Blayais (Gironde).
2 décembre 2014 : Chez EDF, Jean-Bernard Lévy choisit Anne Méaux, présidente d’Image 7, comme conseillère en communication. La nomination surprend. Mediapart relève qu’ Anne Méaux a soutenu son amie Anne Lauvergeon chez Areva. « Ferraillant sur tous les terrains, elles ont mené ensemble une bataille ininterrompue de communication en défense d’Areva, contre les ennemis du groupe nucléaire, Henri Proglio (EDF) en tête. Ces combats incessants ont permis d’entourer de fumée le reste, le plus important : la gestion industrielle et financière du groupe » indique le site.
3 décembre 2014 : Décès de Luc Oursel. Entré chez Areva en 2007, Luc Oursel avait succédé à Anne Lauvergeon, dont il était le bras droit, le 30 juin 2011, initialement pour un mandat de cinq ans.
8 Janvier 2015 : A la suite de l’AG d’Areva, les actionnaires décident d’un système de direction à Conseil d’administration-Président-Directeur Général, Philippe Knoche est nommé directeur général et Philippe Varin Président. Douze membres du conseil d’administration sont nommés. Sortent du conseil : François David, Agnès Lemarchand, Guylaine Saucier, Philippe Pinson. Philippe Knoche et Philippe Varin deviennent administrateurs. La présidence du comité d’audit et éthique est confiée à Sophie Boissard.
Phase 2 : la situation catastrophique d’Areva révélée au grand jour
29 /31 janvier 2015 : Manuel Valls est accompagné par Philippe Varin et de Jean Bernard Lévy, le patron d’EDF lors de son déplacement en Chine. EDF et Areva font partie de la co-entreprise qui s’occupe de la construction des deux EPR chinois de Taishan. Il les exhorte à s’entendre.
23 février 2015 : Avec une semaine d’avance sur la publication de ses comptes annuels, Areva fait un profit warning et communique sur une perte de l’ordre de 5 milliards €.
4 mars 2015 : Areva, contrôlé par l’Etat (87 % du capital dont 57 % porté par le CEA) officialise de lourdes pertes (4,8 milliards €) au titre de 2014. Une nouvelle provision de 720 millions €, au titre de l’EPR finlandais OL3, est constituée et 1,5 milliards de dépréciations d’actifs des activités nucléaires viennent alourdir les comptes. Le groupe annonce un plan d’économies d’1 milliard € à l’horizon 2017.
Interrogé par les députés au sujet de l’avenir d’Areva, Manuel Valls déclare qu’EDF et Areva doivent travailler ensemble, ce dernier se veut rassurant pour les salariés. Le DG prévient que l’endettement (5,8 milliards €), qui a augmenté de plus de 1,3 milliard en 2014, s’alourdira encore en 2015 et 2016. Le groupe ne retrouvera pas une trésorerie disponible avant 2018.
6 mars 2015 : S&P abaisse de deux crans, la note de financement de la dette à long terme d’Areva qui tombe dans la catégorie non-investment grade.
9 mars 2015 : L’action EDF perd 3 %, l’une des plus forte baisse du CAC40. Ségolène Royal vient de déclarer sur BFM TV qu’une fusion entre EDF et Areva fait partie des hypothèses envisagée. De son côté Emmanuel Macron déclare pour sa part qu’une fusion n’est pas à l’ordre du jour mais qu’un rapprochement capitalistique est envisageable entre Areva et EDF. Il demande aux deux industriels de travailler à un rapprochement sur la partie réacteurs d’Areva.
13 mars 2015 : Anne Lauvergeon, en première ligne dans les difficultés d’Areva, admet dans un interview au Parisien, porter une part de responsabilité dans la situation actuelle du groupe, cependant elle estime que l’Etat a « tardé à donner à Areva les moyens nécessaires à la compétition mondiale ». Elle affirme en outre que la stratégie de recentrage sur le tout nucléaire en 2010 via la vente d’Areva T&D à Alstom et Schneider Electric en 2010 (1/3 de son chiffre d’affaires) a rendu la situation compliquée.
Phase 3 : recherche d’une solution pour le sauvetage d’Areva
16 mars 2015 : Le site Les Echos rapporte qu’Areva étudierait les conditions d’entrée à son capital d’investisseurs étrangers notamment chinois. Cette solution pourrait constituer une alternative à l’entrée d’EDF au capital qui risque d’être considérée comme une aide d’Etat, très encadrée par l’Union Européenne.
23 mars 2015 : Le titre Areva quitte les SBF120
24 mars 2015 : Philippe Knoche est interrogé par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale.
27 mars 2015 : Selon Les Echos, EDF n’exclut plus de prendre part au sauvetage d’Areva. Soit il envisage une participation dans Areva NP ( l’ingenierie des réacteurs et les composants de centrale) et soit il se limite à l’ingénierie des réacteurs (15 000 personnes et 40 % de l’activité d’Areva). Les négociations sont en cours, mais la question de la gouvernance n’est pas résolue.
1er avril 2015 : Philippe Knoche est auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat. Les questions concernent l’EPR finlandais, dont la livraison initialement était prévue en 2009, qui n’est toujours pas en service et qui a déjà coûté 4,6 milliards de provisions à EDF. Le DG indique qu’il envisage un démarrage en 2018 sans cacher que cet objectif sera difficile à atteindre. Par ailleurs, l’économie du projet a évolué et l’intérêt de cet EPR est devenu discutable.
L’idée d’Areva est qu’EDF prenne le leadership tant en maîtrise de la gamme, qu’en vente et exécution de grands projets.
2 avril 2015 : la DG présente aux représentants du personnel plusieurs schémas de reprise de reprise de l’activité réacteurs. Nucléaires par EDF. Un projet de cession totale mais aussi la création d’une co-entreprise reprenant l’ingénierie des grands projets qui serait valorisé entre 2,5 et 3 milliards € selon la direction.
3 avril 2015 : Les membres du comité de groupe d’Areva sont opposés à un démantèlement d’Areva via une vente partielle ou totale de l’activité réacteurs. CFDT, CGT, CFE-CGC, FO et Unsa signent un communiqué commun. » Le délai de mise en œuvre d’un tel projet ne semble pas compatible avec l’urgence de caler un plan de financement pour Areva. »
7 avril 2015 : L’autorité de sureté nucléaire (ASN) tire la sonnette d’alarme. Areva l’a informée d’une anomalie dans la composition de l’acier sur certaines zones du fonds de la cuve du réacteur nucléaire de l’EPR de Flamanville. Il s’agit de graves malfaçons. Le chantier de l’EPR de Flamanville qui a débuté en 2008, accuse déjà cinq ans de retard pour un coût total de 8,5 Mds € et de nouveaux retards ne sont pas exclus.
L’Observatoire du nucléaire de Stéphane Lhomme exige que la cuve de l’EPR fasse l’objet d’expertises indépendantes qui seront réalisées par des organismes étrangers n’ayant aucune raison de protéger les intérêts de l’industrie nucléaire française.
16 avril 2015 : Suite aux malfaçons détectées sur le couvercle et le fonds de la cuve de l’EPR de Flamanville, le ministère de l’environnement chinois indique que la Chine ne chargera pas de combustible dans ses deux réacteurs nucléaires de type EPR conçus par Areva tant que tous les doutes liés à la sureté des équipements ne seront pas intégralement levés.
29 avril 2015 : Au 1er trimestre 2015, le chiffre d’affaires d’Areva résiste avec une baisse de seulement 1,1 %. Le carnet de commande reste plein. EDF qui publie le même jour ses trimestriels, annonce une croissance organique en hausse de 4,7 %.
3 mai 2015 : Selon le JDD, trois groupes industriels chinois resteraient pourtant sur les rangs pour devenir actionnaires du groupe français en grandes difficultés : CGN (China General Nuclear), CNNC (China National Nuclear Corporation) et DEC (DongFang Electrical Corporation). Ils sont intéressés eux-aussi par la branche Areva NP.
4 mai 2015 : Engie (ex-GDF Suez) confirme avoir mandaté Crédit Agricole, Rothschild, Greentech Capital Advisors et Gimar pour étudier une reprise partielle de certaines activités de services et de maintenance d’Areva. Il s’agit d’étoffer la filiale Cofely Endel dont l’activité consiste à entretenir et à réparer les centrales nucléaires, et à effectuer des travaux de nettoyages radioactifs et de démantèlement des centrales.
6 mai 2015 : L’entreprise publique China National Nuclear Corp (CNNC) se déclare officiellement ouverte à toute forme d’alliance avec Areva. Le même jour, Philippe Varin, président d’Areva est mis en difficulté. Le site d’information Deontofi.com, explique que le groupe PSA a accordé en catimini une retraite complémentaire de 300.000 euros par an à Philippe Varin alors que ce dernier avait publiquement annoncé fin 2013 renoncer à sa retraite chapeau avant de quitter la direction du groupe en mars 2014.
7 mai 2015 : Areva démarre des discussions avec les syndicats. Le groupe veut réduire ses frais de personnel de l’ordre de 15% en France, en l’espace de trois ans. Cet allègement des effectifs fait partie du plan d’économies d’un milliard € à l’horizon 2017. Quelques 3.500 emplois seraient menacés sur les 28.000 en France. Au niveau mondial c’est 18 % du personnel qui est visé sur un total de 42 000.
Areva étudierait, en outre, l’ouverture du capital de son activité minière, à hauteur de 49% au maximum.
10 mai 2015 : Clara Gaymard, présidente de GE France, déclare dans La tribune que General Electric est prêt à envisager des alliances avec, Areva ou d’autres dans le nucléaire.
18 mai 2015 : Dans un entretien à L’Usine Nouvelle, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron assure » qu’en France, aucun licenciement n’est envisagé » au sein du groupe nucléaire.
20 mai 2015 : Jean-Bernard Lévy officialise son offre sur Areva juste avant l’assemblée générale d’EDF, dont Philippe Varin est administrateur. Les bonnes relations entre les deux hommes en prennent un coup. Selon Les Echos, cet impératif avait pourtant guidé les choix du chef de l’Etat lors de leurs nominations concomitantes à l’automne 2014.
Phase 4 : discussions autour d’une offre officielle d’EDF
22 mai 2015 : Areva confirme vendredi « la réception d’une lettre d’offre indicative » sans toutefois faire de commentaire sur un montant ou le périmètre concerné. Selon le quotidien Les Echos, l’électricien aurait fait une offre valorisant les activités qui l’intéressent à un peu plus de 2 milliards d’euros, déduction faite des passifs de la société, soit 7,5 fois l’excédent brut d’exploitation. L’offre « indicative », selon la source citée par le journal, porte sur trois activités d’Areva NP, employant 15.000 salariés, mais exclut certains projets risqués, ainsi celui de réacteur de troisième génération EPR en Finlande. EDF aurait déposé une offre indicative valorisant Areva NP à un peu plus de 2 milliards €, alors que la société vaut 2,7 milliards dans les comptes d’Areva.
23 mai 2015 : Engie (ex-GDF-Suez) pourrait s’allier à Areva sous la forme d’une «prise de participation», déclare son PDG Gérard Mestrallet sur Europe 1. «Il y a une partie des activités d’Areva notamment dans le domaine des services de maintenance nucléaire à l’international qui ferait un beau rapprochement avec les nôtres».Cela «pourrait être une prise de participation mais nous souhaitons qu’Areva reste impliqué dans ces activités-là», a-t-il fait savoir.
27 mai 2015 : Le ministre des Affaires étrangères reçoit Philippe Varin au Quai d’Orsay tandis que Michel Sapin s’inquiète du montant de la recapitalisation. Quant à Ségolène Royal pas de donnant-donnant avec EDF sur les tarifs de l’électricité, et pas de remise en question des objectifs de réduction de la part du nucléaire en France qui figurent dans sa loi de transition énergétique.
2 juin 2015 : Un arrêt de travail sur les grands sites industriels Areva est suivi à plus de 80%, selon la CGT (tandis que la direction évoque entre 50 et 60%). La FNME entend capitaliser sur ce mouvement qui témoigne, selon Bruno Blanchon, «de l’inquiétude des salariés non seulement pour leur emploi mais aussi pour l’avenir d’un groupe tout entier».
Phase 5 : L’Etat tranche, Areva NP sera apporté à EDF, restent à négocier les détails
3 juin 2015 : Réunion des ministres à l’Elysée. François Hollande, Manuel Valls et Emmanuel Macron (Economie), Michel Sapin (Finances), Ségolène Royal (Ecologie), et Laurent Fabius (Affaires étrangères), planchent une heure sur les modalités du sauvetage du groupe nucléaire. L’État prend officiellement position et décide la refondation de la filière nucléaire. EDF a «vocation à devenir actionnaire majoritaire» de l’activité réacteurs d’Areva qui sera recapitalisée. L’Elysée donne un mois, jusqu’au 3 juillet, à EDF et Areva pour finaliser les principes de leur rapprochement.
Les deux groupes doivent encore s’entendre sur la valorisation d’Areva NP, les contours de l’activité Réacteurs reprise, les garanties de passif ainsi que sur les contrats commerciaux dans l’enrichissement de combustible et le retraitement. En marge de ces discussions, les députés Marc Goua (PS) et Hervé Mariton (LR) ont remis un rapport sur la filière nucléaire. Ils valident l’option d’une scission de l’activité réacteurs mais le passage sous pavillon EDF d’une activité qui travaille d’autres électriciens risque d’entrainer une perte de chiffre d’affaires.
10 Juin 2015 : Alors qu’il est auditionné par la commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale, Philippe Varin, le président d’Areva indique qu’il souhaite un relèvement de l’offre d’EDF accompagnée d’un partenariat stratégique entre les deux sociétés. Philippe Varin met trois conditions au succès d’un accord avec EDF : une valorisation équitable pour la branche Areva ND, une négociation sur les contrats concernant les activités de retraitement et de conversion – l’usine en sous capacité tourne à 90 % avec EDF qui préfère se fournir en Russie- , le partage du risque du chantier finlandais.
30 juin 2015 : Reuters relève que l’offre de reprise d’EDF sur les réacteurs nucléaires d’Areva entraînera une refonte du tour de table de la première centrale nucléaire construite en Grande-Bretagne.
1er Juillet 2015 : Areva et EDF ont paraphé plusieurs documents avec les différents acteurs chinois de la filière nucléaire, dont un MoU concernant l’usine de retraitement des combustibles usés. L’objectif serait la signature d’un contrat courant 2016.
3 juillet 2015 : La consigne de silence autour de l’accord EDF/Areva a été plus ou moins respectée. C’est la condition – posée par le président – pour qu’EDF puisse prendre le contrôle de la conception, de la fabrication et de la commercialisation des réacteurs d’Areva, et que le « New Areva », recentré sur le combustible nucléaire, soit recapitalisé par l’Etat. Mais le délai expire ce 3 juillet et les accords ne sont pas bouclés. La complexité des sujets abordés et les tensions persistantes entre les deux entreprises n’ont pas permis d’aboutir dans les délais. Les négociations continuent donc et la recherche de partenaires étrangers s’avère elle aussi très compliquée. De plus, si sa gravité est confirmée, l’anomalie décelée sur la cuve et le couvercle de l’EPR pourrait ruiner les efforts déployés pour remettre sur pied la filière nucléaire française.
7 juillet 2015 : Nouveau délai. Emmanuel Macron réunit les patrons d’EDF et Areva, Philippe Varin et Jean-Bernard Lévy, dans le but définir les principes de l’opération et de clarifier les choses pour la fin du mois de juillet avant les comptes semestriels.
8 juillet 2015 : Un conseil de politique nucléaire (CPN) se réunit à l’Élysée autour de François Hollande. «Les travaux de refondation de la filière progressent», affirme une source proche du dossier. Le CPN s’est aussi penché sur les perspectives à l’export, en Chine du réacteur Atmea développé avec le japonais Mitsubishi.
15 juillet 2015 : Auditionné devant la commission des finances de l’Assemblée nationale, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy promet qu’EDF « paiera le prix » pour prendre le contrôle de l’activité réacteurs nucléaires d’Areva sera réglée d’ici fin juillet. Mais, EDF souhaite acquérir l’activité réacteurs nucléaires d’Areva « à un prix de marché. En outre, EDF refuse de s’engager pour garantir les risques et les pertes potentielles d’Areva liées au projet d’EPR finlandais.
16 juillet 2015 : Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie et de l’Energie, annonce que les tarifs de l’électricité augmenteront de 2,5 % le 1er août, en France.Cette annonce intervient après un rapport de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) estimant que l’augmentation des tarifs d’EDF pour les ménages et les petits professionnels français devrait être comprise entre 3,5% et 8,0% le 1er août.
Phase 6 : Aucun accord définitif, les discussions EDF Areva se poursuivront à l’automne 2015
21 juillet 2015 : Emmanuel Macron, auditionné devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale explique des propositions sont sur la table, qu’elles doivent encore être validées par les conseils d’administration d’Areva et d’EDF et qu’elles devraient être rendues publiques le 31 juillet. L’accord qui sera officalisé le même jour, doit inclure les modalités de la prise de participation majoritaire d’EDF dans la branche réacteur d’Areva (Areva NP), la création d’une co-entreprise dans l’ingénierie, les relations contractuelles entre les deux groupes, notamment en matière de combustible nucléaire, ainsi que la stratégie commune à l’international. Soulagement pour EDF qui n’aurait pas à apporter sa garantie de passif sur le risque finlandais.
En revanche, la question de la recapitalisation d’Areva n’est plus à l’ordre du jour, elle sera traitée plus tard.
22 juillet 2015 : Selon Le Figaro qui cite une source proche du dossier, la négociation entre Areva et EDF sur Areva NP aurait abouti sur la base de 2,7 milliards €.
Par ailleurs, à la demande de la Commission européenne, EDF doit rembourser à l’Etat français, une aide fiscale d’environ 1,37 milliard € remontant à 1997 « incompatible avec les règles de l’UE en matière d’aides d’Etat ». EDF a précisé que les intérêts financiers courus associés au principal d’impôt auraient un impact négatif sur son résultat au 30 juin 2015. L’endettement financier net d’EDF augmentera d’environ 900 millions d’euros au second semestre.
23 juillet 2015 : Selon Le Figaro, Philippe Varin a écrit à François Hollande pour faire part de ses inquiétudes et prévenir que « le conseil d’administration ne saurait approuver qu’un plan global assurant la viabilité de l’entreprise ».
27 juillet 2015 : Les Républicains veulent déposer un recours auprès du Conseil constitutionnel contre la loi de transition énergétique. Ils demandent que l’État indemnise EDF et Areva pour la fermeture prévue des réacteurs, suite à la réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique.
30 juillet 2015 : Les conseils d’EDF ont accepté « un protocole d’accord formalisant l’état d’avancement des discussions relatives au partenariat » ce qui en clair signifie qu’un accord définitif est encore loin sur les détails. Aucun communiqué des deux groupes ne reprend d’ailleurs explicitement les contenus de ce que la presse appelle un accord. Seule certitude EDF :
1/ mettra 2 milliards € sur la table pour prendre le contrôle ( 75% puis 50 %) de la branche réacteurs et services Areva NP sous condition d’une issue favorable des vérifications en cours concernant la conformité de la cuve de Flamanville 3 et d’un accord sur la définition des modalités permettant de préserver EDF de tout risque lié au projet OL3 2/ créera une entité conjointe avec Areva de conception, gestion de projets et commercialisation des réacteurs neufs. 3/continuera à discuter les bases d’un accord en vue de la signature de contrats commerciaux à échéance de 2030 sur le démantèlement, l’enrichissement, la fourniture complémentaire d’uranium et l’enrichissement et le recyclage des déchets
Aucune solution globale capable d’assurer la viabilité d’Areva, n’est bouclée. Le spécialiste du nucléaire indique avoir besoin pour son plan de financement 2015-2017 de 7 milliards € dont 3,4 milliards restent trouver. L’Etat, ne s’est toujours pas engagé à apporter ces fonds propres.
EDF : des problèmes complexes à régler
13 août 2015 : EDF pourra demander une indemnisation à l’Etat si le groupe est obligé de fermer Fessenheim. Le Conseil constitutionnel a confirmé qu’EDF pourra «prétendre à une indemnisation pour préjudice subi» en cas de fermeture d’un ou plusieurs réacteurs nucléaires, ceci bien qu’un amendement des sénateurs prévoyant cette possibilité, ait été retiré lors de la deuxième lecture à l’Assemblée nationale.
3 septembre 2015 : EDF annonce que le réacteur nucléaire de type EPR en cours de construction à Flamanville (Manche) n’entrera en service qu’au quatrième trimestre 2018 et que son coût atteint désormais 10,5 milliards €, relevant ainsi de 2 milliards € les estimations précédentes. En 2004, lors du lancement, la construction de l’EPR conçu par Areva devait coûter 3 milliards € et il devait entrer en service en 2012.
5 octobre 2015 : Le Premier ministre Manuel Valls, annonce avoir proposé à son homologue japonais, Shinzo Abe, la participation de l’industrie japonaise à la restructuration du secteur nucléaire français lors d’un déplacement de trois jours au Japon où il est notamment accompagné par son ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. La société japonaise Mitsubishi Heavy Industries a annoncé en septembre avoir entamé des discussions avec Areva et EDF en vue de prendre une participation dans la filiale d’Areva chargée de la construction des réacteurs nucléaires, Areva NP. Le président de Mitsubishi Heavy Industries, Shunichi Miyanaga, avait déclaré en juin à un journal japonais être disposé à investir dans Areva si le gouvernement français venait à le lui demander.
9 octobre 2015 : Jean-Bernard Lévy, écrit à Ségolène Royal, la ministre de l’Ecologie et de l’Energie, pour demander un nouveau report jusqu’au 11 avril 2020 ( au lieu de 2018) pour le report du démarrage de l’EPR de Flamanville. Ségolène Royal réclame en échange un calendrier précis pour la fermeture de Fessenheim. La ministre a demandé que le dépôt effectif de cette demande de fermeture ait lieu avant la fin du mois de juin 2016. Ce nouveau calendrier ne devrait donc pas permettre la fermeture effective de la centrale alsacienne avant la fin du quinquennat de François Hollande, en mai 2017.
18 octobre 2015 : Le rachat par EDF de 51% d’Areva NP pour 2,7 milliards € ne sera bouclé que fin 2016, annonce Jean Bernard Lévy. Le prix précédemment évoqué pour 50 % du capital était de 2 milliards €.
20 octobre 2015 : Areva présente aux Comités et Comités Centraux d’Entreprise les projets de réorganisation du nouvel AREVA et d’AREVA NP. Sont concernées : AREVA Business Support ( siège social), Areva NC, Areva NP, Areva Mines, Eurodif production, SET. Après d’importants départs déjà enregistrés, le plan portera sur la suppression de 2700 postes en France d’ici à 2017.
21 octobre 2015 : EDF, son partenaire chinois CGN s’engagent à investir ensemble dans le projet de construction de deux réacteurs nucléaires de type EPR à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l’Angleterre. EDF détiendra 66,5% du projet et CGN investira 6 milliards de £ pour 33,5%.
Phase 7 : L’accord avec EDF et la recapitalisation d’Areva repoussée à 2016
29 octobre 2015 : Lors de l’annonce de son chiffre d’affaires trimestriel, Areva qui constate une hausse de 10 % ( 9 mois) et un carnet de commande de 32 milliards €, annonce des décisions sur la recapitalisation par l’Etat et l’accord sur Areva NT par EDF, d’ici la fin de 2015.
2 novembre 2015 : La CFE-CGC et 240 salariés d’Areva portent plainte pour « fausse information » contre X, alors que les mauvais résultats financiers du groupe, connus quelques mois après l’opération Uramin, ont entraîné un écroulement de la valeur de leurs actions (date exacte à confirmer).
8 décembre 2015 : La recapitalisation d’Areva est repoussée à 2016, selon les informations du ministre Emmanuel Macron. Anne Lauvergeon, ex-PDG d’Areva aurait été entendue dans l’enquête sur le rachat d’UraMin par Areva
10 décembre 2015 : Les élus du CCE d’EDF qui représentent les syndicats FNME-CGT, CFE-CGC, FCE-CFDT et FO Energie et Mines, déclenchent une procédure d’alerte. Ils «dénoncent unanimement et avec force toutes les manoeuvres qui conduisent inéluctablement EDF dans une impasse industrielle, économique et sociale»
16 décembre 2015 : L’Agence des participations de l’État (APE) racheterait à Areva 50% de sa filiale Areva TA ( spécialisée dans la conception et la maintenance des réacteurs nucléaires de bâtiments militaires) , le constructeur naval militaire DCNS monter à 20% du capital et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) prendre 20% du capital de l’ex-Technicatome, selon latribune.fr.
17 décembre 2015 : Areva communique à l’issue de son conseil, sur un résultat net en forte perte pour 2015 . Le schéma d’une nationalisation d’Areva TA est confirmé. Les négociations avec EDF sur Areva NP qui devaient être bouclées avant la fin novembre 2015 se prolongeront en 2016. Areva espère un accord sur la valorisation de sa filiale début 2016. La vente de Canberra (mesures nucléaires) est prévue pour 2016.
21 décembre 2015 : L’action EDF quitte le CAC 40