Profits de marchés et bonus record pour BNP Paribas et Société Générale

Après s’être fait forcer la main, BNP Paribas a finalement reconnu qu’elle avait provisionné dans ses comptes du premier semestre 2009, plus d’un milliard d’euros de bonus au profit de ses salariés. La banque a gagné plus de 1,6 milliard d’euros au cours des six premiers mois de l’année. D’après nos calculs, on peut s’attendre à ce que la Société Générale qui cache ses chiffres honteusement, ait mis de côté une somme de l’ordre de  2 milliards pour payer ses bonus du premier semestre. Au total, si rien ne vient contrarier ces plans, une bonne poignée de salariés des deux établissements toucheront la majeure partie des quelques 3 Mds€ de bonus  soit l’équivalent d’une année de salaire pour 180 000 employés payés au SMIC.

2 milliards de bonus estimés pour la Société Générale !

La Générale qui depuis plusieurs années publiait les rémunérations variables de ses salariés a effacé le chiffre de la note qui  détaille les frais de personnel dans son rapport de gestion semestriel. Elle avait versé 1,25 Md€ aux premiers semestres 2006 et 2007, mais cette fois-ci les compteurs ont explosé. Car l’industrie financière qui a “planté” l’économie tire aujourd’hui des profits gigantesques du marché de la peur qu’elle entretient. En ce début d’année 2009, elle a vendu en masse des protections aux assureurs et aux caisses de retraites, elle a replacé ces paris commissionnés auprès de hedge funds à qui elle prêtait de l’argent pour qu’ils se refassent une santé.  Elle a piloté et placé des emprunts obligataires et des augmentations de capital émis dans des conditions défavorables aux émetteurs  mais qui se sont révélées très lucratives pour elle-même.

Bref,  les banques remises sur pied grâce au soutien de l’Etat, se sont gavées sur les marchés de capitaux et dans leur métier de conseil. La Générale n’a jamais gagné autant d’argent dans ses activités de spéculation et d’arbitrage génératrices de gros  bonus. Les profits de trading ont atteint le record absolu de 2,8 Mds€ au premier semestre,  le double des excellentes performances semestrielles de  2006 et 2007 ( voir graphique). Chez  BNP Paribas, la branche “actions et conseils” est redevenue aussi profitable qu’avant la crise. Et ces métiers génèrent des profits qui font plus que compenser ainsi les défauts de paiement qui explosent un peu partout.

En tant que clients, on peut se féliciter d’avoir des banques solides et bien portantes puisqu’elles gèrent notre argent. En tant que citoyen, c’est une autre histoire. Tout ce qui nous a conduit aux drames de 2000 et de 2007 perdure. La finance de marché créé des bulles qui explosent régulièrement.  Les politiques n’y peuvent rien. Bonus, paradis fiscaux, hedge funds rien ne change. On connaît le poison, mais on n’a toujours pas trouvé l’antidote

Article paru le 5 août 2009 sur http://mariejeannepasquette.blog.lemonde.fr/