Une bonne volée de bois vert pour le patron d’EDF qui veut augmenter les tarifs de l’électricité de 20 % en trois ans ! Et c’est bien fait ! La boutique est mal gérée. Encouragé par des banquiers prêts à financer n’importe quoi en 2007, EDF s’est vu devenir le « roi du nucléaire » réalisant des acquisitions hors de prix en Grande Bretagne et aux USA. Depuis les prix des actifs se sont écroulés et les banquiers ne peuvent plus prêter. EDF a dû aller chercher 3,2 Mds€ auprès des particuliers car ses cash flows pourtant gigantesques ne suffisent plus.
Comme le groupe l’a plus ou moins promis aux investisseurs qui s’impatientent depuis sa cotation, EDF se fait fort d’obtenir un relèvement de ses tarifs de 20 % en 3 ans, pour retrouver l’équilibre. Mais le moment est mal choisi.
En tant que détenteur de 85 % du capital, l’Etat-actionnaire qui n’a pas d’argent à remettre dans l’affaire, a tout intérêt à accepter le principe d’une augmentation substantielle des tarifs de l’électricité. Mais pour l’Etat-gouvernant, quelle mauvaise affaire ! S’il s’engage sur ce terrain, le gouvernement actuel va avoir du mal à expliquer à ses électeurs pourquoi en pleine crise et alors que le prix de revient de l’électricité a eu tendance à baisser depuis un an, il s’apprête à rogner le pouvoir d’achat des français.
Encore un cas d’école pour ceux qui affirment que l’Etat est un piètre actionnaire. Pourquoi n’a-t-il pas su anticiper une telle situation ? Pourquoi Bruno Bézard qui dirige « l’agence des participations de l’Etat » créée en 2004 et représente l’Etat au conseil d’EDF n’est-il pas intervenu pour s’opposer à la reprise de British Energy alors qu’il a été informé assez tôt par certains actionnaires des risques pris par le groupe au plan financier ?
Archive parue sur http://mariejeannepasquette.blog.lemonde.fr le 10 juillet 2009