Avec la fin du pacte d’actionnaires qui lie la famille Bettencourt et le groupe suisse Nestlé, la probabilité d’une OPA du second qui détient 23,29 % du capital de L’Oréal, face à la participation familiale de 33,31 % n’est plus tout à fait nulle. Le 15 février dernier, à l’occasion de la publication de ses chiffres annuels, Mark Schneider, le patron de Nestlé en place depuis janvier 2017, a indiqué qu’il n’avait pas l’intention de renouveler le pacte d’actionnaires, qui lie Nestlé et la famille Bettencourt et arrive à échéance le 21 mars 2018. «Nous n’avons pas l’intention d’augmenter notre participation dans L’Oréal et nous nous engageons à poursuivre notre relation constructive avec la famille Bettencourt» précisait le communiqué de la firme suisse. Pour autant Mark Schneider a refusé de «faire des spéculations sur l’avenir».
C’est donc pour calmer le jeu que le premier Ministre Edouard Philippe est venu dès le lendemain, rendre visite à l’usine L’Oréal de Lassigny dans l’Oise. Le message qui se veut rassurant est clair, L’Oréal n’est pas à vendre et son «ancrage français» n’est pas négociable. En visitant l’usine, Édouard Philippe et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, ont d’ailleurs annoncé, leur intention de renforcer le décret de 2014 qui oblige les investisseurs étrangers à obtenir, pour certains secteurs stratégiques, une autorisation du Ministre de l’Economie et des Finances lorsqu’ils souhaitent investir dans une entreprise. L’extension de ce dispositif aux datas, aux nanotechnologies, au spatial, aux infrastructures financières, à l’intelligence artificielle est prévu. A priori, L’Oréal ne serait pas concernée pour autant.
Reste à savoir à présent, quelle sera la position de l’actionnaire familial chez L’Oréal : chercher un nouvel allié pour un nouveau pacte, se désengager à moyen terme ou conserver le statu quo qui ne lui donne qu’une fragile minorité de blocage.