L’action Nvidia, leader mondial des processeurs graphiques, a poursuivi sa progression fulgurante en Bourse, dépassant ce mercredi le seuil des 5.000 milliards de dollars de capitalisation. Cette montée spectaculaire survient à peine quatre mois après avoir franchi les 4.000 milliards, témoignant de la dynamique exceptionnelle du groupe alimentée par l’essor de l’intelligence artificielle (IA).
Une envolée spectaculaire portée par l’intelligence artificielle
Depuis fin 2022, Nvidia observe une ascension boursière remarquable, tirée par la montée en puissance de l’IA et l’explosion de la demande pour ses puces graphiques, devenues indispensables au fonctionnement des grands modèles de langage (LLM). L’entreprise a d’abord atteint le cap des 1.000 milliards de dollars en juin 2023, puis doublé sa valeur en mars 2024 pour grimper à 2.000 milliards, avant de franchir successivement les paliers des 3.000 milliards et 4.000 milliards en quelques mois seulement.
Mardi, l’action Nvidia a bondi de près de 5 % à Wall Street, clôturant avec une capitalisation avoisinant les 4.894 milliards, avant d’atteindre un pic intrajournalier à 4.940 milliards, selon Reuters. Ce mercredi, le titre ouvrant en hausse de 3,6 %, la valorisation de l’entreprise a touché 5.068 milliards de dollars, soit environ 158 % du PIB français.
Multiplication des innovations et nouveaux partenariats
Cette marche triomphale s’appuie sur plusieurs annonces clés dévoilées lors de la conférence annuelle GTC dédiée à l’intelligence artificielle. Jensen Huang, fondateur et CEO de Nvidia, a présenté une série de nouveautés comprenant une mise à jour de l’architecture de puces Blackwell, une plateforme d’informatique quantique améliorée, sans oublier des avancées dans la robotique et l’informatique appliquée à l’IA.
La plateforme NVQlink figure parmi les innovations dévoilées, conçue pour fusionner informatique quantique et classique au sein d’une architecture unique. Nvidia a également consolidé ses alliances stratégiques, prenant une participation de 2,9 % dans le fabricant finlandais de télécoms Nokia (dont l’action a bondi de plus de 20 % à Helsinki). La société a aussi signé des partenariats avec Uber, et les constructeurs automobiles Stellantis, Lucid et Mercedes-Benz, pour développer une flotte de véhicules autonomes qui devrait atteindre 100.000 unités dès 2027.
Le patron de Nvidia a confirmé une demande massive pour les nouvelles générations de GPU, annonçant près de 500 milliards de dollars de commandes sur les cinq prochains trimestres pour les architectures Blackwell et Rubin. Ces dernières entreront en production dès 2026. Selon l’analyste Dan Ives de Wedbush, ce montant représente plus de cinq fois les revenus générés par la génération précédente de puces Hopper sur toute sa durée de vie.
Malgré une concurrence croissante avec des acteurs comme AMD ou Qualcomm, les GPU Nvidia restent un élément clé du développement de l’IA, qualifiés par certains experts de « nouvel or » technologique.
Perspectives commerciales en Chine alimentées par les déclarations de Donald Trump
Le titre Nvidia a reçu un coup de pouce supplémentaire grâce à une déclaration de l’ancien président américain Donald Trump, évoquant sa prochaine rencontre avec le président chinois Xi Jinping pour apaiser les tensions commerciales entre les deux pays. Trump a révélé qu’il aborderait la question de la puce Blackwell, qualifiée de « super-duper » (super avancée), précisant que Jensen Huang lui avait récemment présenté cet accélérateur d’IA dans le bureau ovale.
Ces propos ont ravivé les espoirs d’une reprise des exportations de cette technologie vers la Chine, un marché essentiel mais bridé par des mesures américaines depuis plusieurs années. En avril, l’administration Trump avait imposé des restrictions fermes aux exportations de certains GPU vers la Chine, privant Nvidia d’un manque à gagner estimé à 8 milliards de dollars sur un trimestre.
Plus récemment, Nvidia et son concurrent AMD ont obtenu l’autorisation de reprendre ces ventes, sous condition de reverser 15 % des revenus générés à l’administration américaine. Jensen Huang a néanmoins affirmé que Pékin avait exercé des pressions sur ses entreprises nationales pour limiter l’usage des GPU Nvidia, freinant l’expansion du groupe sur ce marché clé.
Selon le dirigeant, alors que la Chine s’impose déjà comme un acteur majeur dans le domaine de l’IA, le véritable enjeu reste celui de la suprématie technologique : « Le leadership mondial des États-Unis dans les infrastructures d’IA est en jeu », a-t-il déclaré. Il rappelle que la moitié des chercheurs en intelligence artificielle se trouve en Chine, soulignant l’importance stratégique d’une présence américaine sur ce marché de 50 milliards de dollars.

