L’Agence européenne de police, Europol, tire la sonnette d’alarme. Les infractions impliquant la cryptomonnaie et la blockchain gagnent en sophistication de manière préoccupante. Les réseaux criminels exploitant les crypto-actifs peaufinent leurs méthodes, donnant du fil à retordre aux forces de l’ordre européennes.
Les nouvelles données d’Europol inquiètent
Cette alerte fait suite à la neuvième Conférence mondiale sur le financement illicite et les crypto-actifs, organisée fin octobre 2025. L’événement a permis à Europol de présenter ses dernières analyses, fruit de rapports internes et d’expertises venues du monde entier. L’EU-SOCTA 2025, le rapport européen sur le crime organisé, dresse un tableau sombre de cette escalade criminelle.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Des entreprises spécialisées comme Chainalysis et TRM Labs évaluent les transactions illicites en cryptomonnaies à plusieurs dizaines de milliards de dollars pour 2024 seulement.
L’une des affaires les plus frappantes évoquées durant la conférence ? Une opération menée depuis l’Espagne qui a mis au jour un réseau de blanchiment gérant près de 460 millions d’euros (soit 540 millions de dollars). Ce cas démontre comment les criminels marient habilement techniques on-chain et circuits financiers classiques pour faire disparaître leurs traces à travers les frontières.
L’Europe se mobilise face à des défis grandissants
La montée en complexité de ces délits pousse plusieurs pays européens à repenser leur approche. Fini le temps des enquêtes purement nationales : place aux opérations transfrontalières coordonnées. Europol s’est d’ailleurs imposé comme le chef d’orchestre de cette coopération, centralisant les preuves lors de la grande enquête espagnole.
Mais le défi reste de taille. De nombreuses forces de police pointent du doigt le manque criant d’outils technologiques adaptés et de formation spécialisée. Traquer efficacement les fonds illicites qui naviguent entre différentes blockchains et systèmes financiers traditionnels relève encore du parcours du combattant.
Quand le crime devient hybride
Les malfaiteurs d’aujourd’hui ne misent plus uniquement sur la crypto. Ils l’intègrent dans un écosystème criminel plus large, mêlant groupes de rançongiciels, réseaux de fraude et escroqueries diverses. Leur cocktail ? Piratage de comptes, mixeurs de cryptos, réseaux de paiement clandestins et sociétés écrans traditionnelles.
Plus inquiétant encore : l’émergence d’agressions physiques visant les détenteurs de cryptomonnaies. Ces « wrench attacks » ou attaques au coupe-circuit montrent que la menace déborde largement du cadre purement numérique.
Course à l’armement technologique
Si les outils de détection et de traçage des transactions suspectes s’affinent, les criminels ne restent pas les bras croisés. Ils innovent constamment dans leurs techniques de blanchiment et exploitent même l’intelligence artificielle pour automatiser leurs opérations.
Face à cette escalade, Europol plaide pour une coopération internationale renforcée, avec des standards harmonisés et des échanges d’informations plus fluides entre autorités. Le partenariat public-privé, notamment avec les spécialistes de l’analyse blockchain, devient indispensable pour détecter plus rapidement les mouvements financiers douteux.
Reste un point crucial : clarifier le cadre juridique pour permettre aux banques et plateformes d’échange de réagir plus vite et de signaler sans délai toute transaction suspecte.
Europol le martèle : seule une mobilisation coordonnée, armée d’outils à la hauteur, pourra contrer cette vague criminelle crypto qui défie aujourd’hui l’application de la loi européenne et mondiale.