Malgré des résultats trimestriels honorables, l’action Dassault Systèmes a vécu une journée chaotique à la Bourse de Paris. La faute à des prévisions de flux de trésorerie qui ont jeté un froid sur les investisseurs.
Un titre sous haute surveillance
Le géant français des logiciels PLM (gestion du cycle de vie des produits) navigue en eaux troubles depuis plusieurs trimestres. Les investisseurs, devenus particulièrement exigeants, ne pardonnent plus la moindre fausse note. L’historique récent n’aide pas : un profit warning l’année dernière à cause de contrats reportés, la croissance poussive de Medidata (la branche dédiée aux essais cliniques), sans oublier une progression globale jugée trop tiède.
Un observateur du marché traduit bien l’ambiance générale : « L’entreprise ne se détache plus vraiment de ses concurrents, ce qui rend difficile de justifier une valorisation aussi premium. »
Un retournement de situation spectaculaire
Le 24 juillet restera dans les mémoires. Après un démarrage en fanfare (+3,5 % vers 10h, parmi les vedettes du CAC 40), le titre a basculé dans le rouge pendant la conférence téléphonique avec les dirigeants. La dégringolade a été impressionnante : jusqu’à -10 % en cours de séance.
À 15h30, la baisse restait lourde (-8,3 %), plaçant Dassault Systèmes sur la deuxième marche du podium des plus fortes chutes du CAC 40, juste derrière STMicroelectronics.
La douche froide des prévisions de cash-flow
Le responsable du carnage ? Rouven Bergmann, le directeur financier, qui a dévoilé des perspectives peu réjouissantes lors de sa présentation. Il faut s’attendre à une dégradation d’environ 120 millions d’euros du flux de trésorerie opérationnel au troisième trimestre. Trois éléments expliquent cette détérioration :
- L’alourdissement des charges sociales liées aux plans d’actionnariat salarié (40 à 50 millions d’euros d’impact comptable)
- Des turbulences liées aux taux de change
- Un décalage temporel pénalisant sur l’encaissement de gros contrats, dont les rentrées ne sont attendues qu’en 2026
Pour 2025 dans son ensemble, le groupe table sur un flux de trésorerie opérationnel globalement stable, avec un redressement espéré au dernier trimestre par rapport à 2024.
Seule consolation : sur le premier semestre, la génération de cash a tout de même grimpé de 1,5 %, atteignant 1,15 milliard d’euros.
Un professionnel de la finance regrette que « le marché espérait franchement mieux en termes de perspectives de trésorerie. »
Le mystère Ascon Qube
Autre sujet d’interrogation : l’intégration plus rapide que prévu d’Ascon Qube, une startup allemande spécialisée dans l’automatisation logicielle, sur pratiquement tout le deuxième trimestre. Cette acquisition, officialisée en juillet, a pris les investisseurs de court.
Même si cette société reste modeste (une quarantaine d’employés), son intégration inattendue alimente les questionnements et renforce la méfiance des vendeurs selon un analyste interrogé.
Les chiffres du trimestre et les projections
Sur le plan purement comptable, Dassault Systèmes affiche une progression de 6 % de son chiffre d’affaires à 1,52 milliard d’euros au deuxième trimestre. La marge opérationnelle a fléchi de 0,7 point à 29,3 %, tandis que le bénéfice par action a gagné 4 % hors change, à 0,30 euro.
Pour le troisième trimestre, la direction mise sur une croissance des revenus (hors change) de 5 % à 8 %, une marge opérationnelle entre 29,7 % et 29,9 %, plus une hausse du bénéfice par action de 5 % à 9 % hors effet de change. Des objectifs que la maison Oddo BHF qualifie de plutôt prudents.
Sur l’année complète 2025, les dirigeants maintiennent leurs ambitions : croissance des revenus de 6 % à 8 % et progression du bénéfice par action de 7 % à 10 % (hors change). Quelques ajustements à la baisse ont toutefois été opérés sur les marges et le chiffre d’affaires, principalement à cause de la faiblesse du dollar.
Les nouvelles prévisions de bénéfice par action s’établissent entre 1,32 et 1,35 euro, contre 1,36 à 1,39 euro auparavant. La marge opérationnelle devrait évoluer entre 32,2 % et 32,4 % (au lieu de 32,3 % à 32,6 %) et le chiffre d’affaires entre 6,41 et 6,51 milliards d’euros, contre 6,57 à 6,67 milliards précédemment.
(*) L’ensemble des données mentionnées s’appuie sur les normes non-IFRS, privilégiées par l’entreprise dans sa communication financière.

