Le groupe L’Oréal a dévoilé ses résultats du deuxième trimestre qui, à première vue, témoignent d’un ralentissement de la croissance. Mais derrière cette apparence se cache en réalité un rebond dynamique, permettant de nourrir l’optimisme des investisseurs. Le géant français des cosmétiques table aussi sur une croissance de 4 % du marché mondial des cosmétiques pour 2025.
Des chiffres initiaux en demi-teinte
Les premiers résultats dévoilés mardi soir après la fermeture de la Bourse n’avaient rien d’éblouissant. La croissance organique de L’Oréal au deuxième trimestre s’est limitée à 2,4 %, alors qu’elle atteignait 3,5 % sur les trois premiers mois de l’année. Sur le premier semestre, le chiffre d’affaires en données comparables a progressé de 3 %, quand le résultat opérationnel a gagné 3,1 % pour s’établir à 4,74 milliards d’euros.
Le groupe n’est pas parvenu à satisfaire les attentes du marché. Les analystes misaient sur une hausse de 2,9 % des revenus ajustés, une déception qui s’est traduite par une ouverture en baisse de près de 2 % ce mercredi matin.
L’impact des effets de « phasage » informatique
Dès la conférence téléphonique organisée mercredi matin, la direction a levé le voile sur ces performances mitigées. Les résultats pâtissent d’effets techniques liés à la transformation numérique. Depuis l’année dernière, L’Oréal déploie de nouveaux systèmes informatiques dans ses différentes unités, générant un phénomène de surstockage temporaire des produits chez les grossistes concernés.
Cette distorsion technique a brouillé la lecture trimestre par trimestre : au deuxième trimestre, l’effet a amputé la croissance comparable de 1,3 point tandis qu’au premier trimestre, il l’avait artificiellement boostée de 0,9 point. Une fois ces éléments exceptionnels corrigés, la croissance organique au deuxième trimestre ressort finalement à 3,7 %, contre 2,6 % au premier trimestre.
La Royal Bank of Canada y voit le signe d’une accélération sous-jacente convaincante pour la seconde moitié de l’année.
Performances contrastées par secteur et zone géographique
L’examen détaillé par divisions confirme le poids de ces effets de phasage. Dans les produits professionnels (destinés notamment aux salons de coiffure), la croissance s’affiche à 11,5 % en données brutes, mais retombe aux alentours de 7,5 % après neutralisation des effets techniques.
Dans l’univers du luxe (parfums, soins haut de gamme), ce qui ressemblait à une baisse de 1,9 % masque en fait une légère progression d’environ 1 % après retraitement.
Sur le plan géographique, la croissance en Amérique du Nord redescend de 8,3 % à une fourchette comprise entre 4 % et 5 % après ajustement. À l’opposé, l’Asie du Nord (incluant la Chine) remonte d’une chute initiale de 8,8 % vers une quasi-stabilité. La Chine montre même des signes de reprise, avec une progression des ventes de 3 % au deuxième trimestre, après un premier trimestre stable.
Un analyste salue cette transparence sur les effets techniques qui offre une meilleure compréhension et lisibilité des résultats.
Perspectives optimistes sur un marché en croissance
Ce qui a vraiment porté le cours de l’action L’Oréal mercredi, c’est la confirmation d’une croissance globale de 4 % pour le marché des cosmétiques en 2025. Après une progression de 2 % au premier trimestre et de 3 % sur le semestre, le groupe affiche sa confiance.
Nicolas Hieronimus, directeur général, a souligné que cette dynamique demeurait solide malgré les incertitudes économiques et géopolitiques, d’autant que la seconde partie de l’année bénéficiera d’une base de comparaison plus favorable, le marché ayant connu un ralentissement au second semestre 2024.
Selon ses observations, près de deux tiers de la population mondiale accordent désormais de l’importance à leur apparence, en hausse de six points par rapport à trois ans plus tôt, ce qui renforce le potentiel de croissance.
La Royal Bank of Canada mise sur une amélioration progressive de la croissance de L’Oréal, tirée par ses principaux marchés que sont les États-Unis et la Chine. Elle anticipe que le chiffre d’affaires sous-jacent approchera les 5 % au second semestre, notamment grâce à des lancements de produits plus agressifs.
Un analyste évoque également un phénomène de « rareté » dans le secteur des méga-capitalisations, où de nombreuses valeurs industrielles et pharmaceutiques déçoivent, conférant à L’Oréal une position défensive et résiliente, avec une croissance stable et régulière.

