C’est une question que se posent beaucoup d’enseignants approchant de la fin de carrière, et même bien au-delà du monde éducatif : à quoi ressemble la retraite d’un professeur des écoles après des décennies passées à transmettre, corriger, rassurer et éduquer ? Ni opulence, ni misère, mais une réalité nuancée, entre reconnaissance morale et stabilité financière relative.
Enseigner : une vocation plus qu’un pactole
Être prof des écoles, c’est un peu comme être couteau suisse : on apprend à lire, on console en cas de bobo, on arbitre des conflits de récré et on organise des kermesses. C’est un métier fondamental pour la société, qui demande une implication constante. Pourtant, côté rémunération, la reconnaissance n’est pas toujours au rendez-vous.
Selon les données officielles, la France comptait près de 370 000 enseignants dans le premier degré en 2022-2023. Ce sont eux qui assurent les fondations du système éducatif, souvent dans des conditions de travail intenses, voire épuisantes. Et quand vient l’heure de ranger les stylos rouges, la question de la pension se pose.
Une retraite en deux temps… mais pas en deux fois plus
Un professeur des écoles touche une pension bâtie sur deux piliers : une pension de base versée par l’État, et une complémentaire issue de la Retraite Additionnelle de la Fonction Publique (RAFP). Ce tandem ne promet pas de yachts sur la Méditerranée, mais garantit une certaine stabilité.
En 2021, un enseignant partant à la retraite percevait en moyenne 2 542 € bruts par mois. Ce chiffre regroupe les « monopensionnés » (qui ont cotisé uniquement dans la fonction publique) et les « polypensionnés », qui ont parfois cumulé plusieurs régimes au fil de petits boulots annexes.
Secondaire vs primaire : un écart qui persiste
Les enseignants du secondaire, eux, quittent le navire avec une pension légèrement plus confortable : 2 715 € bruts par mois en moyenne. Pourquoi cette différence ? Elle s’explique en partie par un niveau de recrutement souvent plus élevé (master + concours), et parfois des carrières plus longues ou mieux rémunérées selon les disciplines et les postes.
Mais attention, tout dépend aussi des primes, des affectations, des missions spécifiques et du rythme d’évolution dans les grades. Le salaire indiciaire seul ne raconte pas toute l’histoire.
Taux plein : la ligne d’arrivée tant espérée
Toucher une retraite à taux plein, c’est un peu la médaille d’or du parcours enseignant. Mais pour y arriver, il faut avoir validé entre 168 et 172 trimestres — soit environ 42 à 43 années de carrière. Un défi, surtout pour celles et ceux qui ont connu des interruptions liées à la parentalité, à des reconversions ou à des temps partiels.
Pour ceux qui n’ont pas tous leurs trimestres, l’alternative est de travailler jusqu’à 67 ans pour éviter la redoutée décote. Dans le meilleur des cas, la pension peut atteindre 75 % du traitement indiciaire brut, à condition que ce dernier ait été maintenu pendant au moins six mois avant le départ.
Des chiffres, oui… mais surtout des vies
Derrière chaque pension, il y a une histoire. Des souvenirs de fêtes d’école, de conseils de classe animés, de projets pédagogiques inoubliables, de longues soirées passées à corriger ou à préparer des exposés. Et même si la pension d’un professeur des écoles n’a rien de spectaculaire, elle reste le reflet d’une carrière dédiée à l’avenir des autres.
Bien sûr, chaque parcours est unique. Les montants varient selon les grades, les primes, les affectations, les évolutions. Mais une chose est certaine : la valeur de ce métier ne se mesure pas uniquement en euros. Et si la reconnaissance n’est pas toujours financière, elle est, pour beaucoup, profondément humaine.

