L’avionneur européen Airbus a créé la surprise ce jeudi 30 octobre en devenant l’unique valeur du CAC 40 à progresser, nageant littéralement à contre-courant dans un océan de résultats décevants. Sa solide performance financière a captivé les investisseurs.
Airbus échappe à la déroute boursière générale
Après les publications du troisième trimestre, le carnage a été spectaculaire pour plusieurs mastodontes du CAC 40. Stellantis s’est effondré de 10,2%, Crédit Agricole a chuté de 4,2%, Société Générale et Schneider Electric ont tous deux reculé de 3,6%, tandis que TotalEnergies perdait 1,5%. Dans ce paysage morose, Airbus s’est distingué avec un bond de plus de 2%, distançant largement Engie, deuxième sur le podium avec un modeste +1,1%.
Des chiffres qui pulvérisent les prévisions
Les résultats publiés mercredi soir ont littéralement soufflé les analystes. L’avionneur a affiché un résultat opérationnel ajusté de 1,94 milliard d’euros, dépassant de loin le consensus de 1,76 milliard. Sa génération de trésorerie s’est également révélée particulièrement robuste.
Pour Barclays, ces performances de fin d’exercice « consolident les perspectives annuelles » et ouvrent la voie à d’éventuelles « surprises positives ». Le dynamisme affiché sur ce troisième trimestre témoigne de la vitalité du constructeur.
L’aviation civile propulse les marges
C’est le secteur aéronautique civile qui tire véritablement son épingle du jeu. La Royal Bank of Canada met en avant un résultat opérationnel ajusté supérieur de 9% aux estimations, accompagné d’une marge qui a bondi de 2,7 points pour atteindre 11,9% sur douze mois.
Cette belle progression découle principalement d’un mix produit avantageux, porté par l’accélération de l’A321neo qui représente désormais une part croissante des livraisons trimestrielles. Le groupe a écoulé 201 appareils sur les trois derniers mois de 2025, soit une hausse substantielle par rapport aux 174 unités de l’année précédente.
Le patron Guillaume Faury a révélé une information cruciale : le stock de « planeurs » – ces avions assemblés mais immobilisés faute de motorisation – a fondu de moitié entre juin (60 exemplaires) et septembre (32 unités). Cette réserve devrait complètement disparaître avant la fin 2025, grâce à la normalisation progressive des cadences chez les motoristes CFM International et Pratt & Whitney.
L’optimisation des marges bénéficie également d’un contrôle renforcé des investissements en R&D et des économies opérationnelles, observe Deutsche Bank.
Toutes les branches dans le vert
Au-delà du civil, Airbus impressionne sur l’ensemble de ses métiers. Les divisions hélicoptères et défense & espace ont surperformé avec des résultats opérationnels ajustés dépassant respectivement de 28% et 14% les attentes, relève Deutsche Bank.
La banque helvète UBS, qui prônait déjà l’achat du titre face à une demande soutenue, se montre maintenant rassurée sur la solidité des marges – un point d’interrogation qui persistait jusqu’alors. UBS a relevé ses projections de rentabilité sur tous les horizons temporels.
Bank of America estime qu’Airbus a franchi un « tournant décisif » : l’amélioration des marges ne fait que commencer. L’établissement américain mise sur une progression significative, alimentée par la montée en puissance de l’A321 et l’optimisation progressive de la rentabilité sur l’A350.
Le courtier Oddo BHF table quant à lui sur une croissance annuelle moyenne du bénéfice par action de 28% entre 2024 et 2028, avec un flux de trésorerie cumulé de 28 milliards d’euros sur cette période, dont une partie conséquente sera redistribuée aux actionnaires.
Cap sur les 900 livraisons en 2026
Si Airbus maintient son objectif d’environ 820 appareils livrés en 2025, avec une fin d’année particulièrement chargée, les projecteurs se braquent désormais sur les volumes futurs. Deutsche Bank anticipe que décembre 2025 pourrait pulvériser le record mensuel historique (138 livraisons en décembre 2019).
Plusieurs analystes revoient déjà leurs calculs à la hausse : la Royal Bank of Canada vise 905 livraisons en 2026 et 972 en 2027, pendant qu’UBS mise sur 945 appareils pour 2026.
Sollicité sur ce sujet, Guillaume Faury préfère rester prudent sur les objectifs 2026, tout en confirmant que la montée en cadence sur l’ensemble des programmes civils suit son cours – un signal encourageant. Le dirigeant garde « en mémoire » l’année 2019 et ses 863 livraisons record, sans pour autant promettre de dépasser ce seuil.

