Admirables, ces hauts fonctionnaires à la tête des grandes institutions, la plupart sont d’un calme incroyable. Tout s’effondre autour d’eux et ils gèrent les affaires de la France comme un jardinier cultive ses tomates. Sans le moindre signe de stress.
Ainsi Christian Noyer, le policé gouverneur de la Banque de France, confiait la semaine dernière, n’avoir jamais pensé que la déconfiture de Natixis pouvait se traduire par une une crise systémique. Franchement c’est bien le seul dans la communauté financière !
Mais alors qui s’inquiète vraiment pour notre porte monnaie ? Le gendarme des marché peut-être ?
L’Autorité des marchés financiers vient de présenter son bilan 2008 . Là encore, son président Jean-Pierre Jouyet est apparu décontracté, voire assez content de lui. Ceux qui ont investi en Bourse et que l’AMF est censée protéger, ont perdu la moitié des leurs avoirs depuis le début de la crise, mais il a surtout relever que le montant des OPCVM avait relativement bien tenu. Leur encours est passé de 1246 Mds € en 2008 contre 1415 Mds€ en 2007. A tout casser, une petite centaine de milliards sont partis en fumée, en prenant en compte les retraits et les versements. Pas de quoi attrapper des boutons !
Embarqué il y a six mois à la tête de l’AMF, cet homme a un gros avantage sur son prédécesseur. Il peut afficher sa volonté de faire mieux, sans se déjuger. Et, c’est ce qu’il va faire .
Comment ? Petit a) on créé une direction des relations avec les épargnants et petit b) on créé un “observatoire des produits d’épargne”. Car observer l’épargne sans “observatoire des produits d’épargne”, c’est comme essayer de lire sans lunettes. Ce n’est pas donné à tout le monde.
Heureusement, le gendarme ne s’arrêtera pas là. Il va aussi envoyer quelques limiers sur le terrain. Ils feront des “blind tests”. On imagine les enquêteurs de l’AMF, avec des perruques rousses ou avec de fausses moustaches, se faire passer pour des clients et expérimenter l’impuissance de l’épargnant face à la grosse machinerie bancaire. Ces limiers vont aussi assister aux assemblées générales des entreprises cotées, et ça, c’est une très bonne chose.
La peur du gendarme étant le commencement de la sagesse, certains patrons qui en ont fait une pratique courante, cesseront peut-être à l’avenir de remplir la salle des AG de faux actionnaires payés pour poser des questions lénifiantes et occuper le temps de parole. On ne peut que suggèrer à l’AMF de commencer par créer une sanction pour ce genre de pratique. Il n’est jamais trop tard pour bien faire
Paru le 29 juin 2009 sur http://mariejeannepasquette.blog.lemonde.fr/