Les actionnaires de Wendel se sentent duppés

Les actionnaires en ont marre des histoires à dormir debout. Cette semaine c’est Wendel qui a fait les frais de leur lassitude.  A la veille du départ du Président du Directoire Bernard Lafonta, en mars dernier, alors que Wendel présentait ses résultats annuels, la direction s’évertuait à prouver que le groupe n’avait pas besoin de cash, que des cessions d’actifs pourraient permettre de restaurer la solvabilité si nécessaire. Elle affirmait qu’il ne fallait pas craindre les “covenants bancaires” ces clauses qu’ajoutent les créanciers pour obliger les emprunteurs à renflouer le capital, en cas de chute de valeur des actifs ou des cash flows dégagés.

On  expliquait, par journaliste interposé, que la participation dans Saint Gobain ne mettait pas la liquidité du groupe en péril. « Environ  40 % de l’investissement dans Saint Gobain est protégé d’une baisse des cours par des puts. Si la valorisation de Saint-Gobain tombait à zéro, le risque résiduel pour Wendel serait inférieur à 300 millions d’euros. Or, nous disposons de 1,9 milliard d’euros de trésorerie », avançait Jean-Bernard Lafonta à l’époque. Il laissait même entendre que le groupe pourrait utiliser sa trésorerie à des rachats de dette et aussi, le moment venu, à des rachats d’actifs décotés.

Saint Gobain reste une très mauvaise affaire pour Wendel

Or,  quelques semaines plus tard, le discours est nettement moins rassurant. Après un rebond autour de 35 euros, le cours s’est effondré en direction des 20 euros.
Que s’est-il passé ?  L’Assemblée Générale présidée par le remplaçant Frederic Lemoine venu d’Areva, a fait l’effet d’une douche froide. D’abord l’actif net réévalué  n’est plus au dessus de 40 euros comme annoncé en mars dernier  mais  autour de 31 euros fin maiaprès des dépréciations et sans doute même en dessous de ce chiffre aujourd’hui. Les 18 %  dans Saint Gobain, la plus grosse ligne du portefeuille de Wendel. se sont effondrés. Le solde des flux financiers est  négatif indique le groupe mais il  n’est plus question de vendre des actifs pour trouver du cash.
Les emprunts deviennent  hors de prix pour ce type de holding et lorsque les  banquiers  n’ont plus assez d’actifs pour garantir les dettes qui ont servi à l’acquisition, ils réclament un rechargement des fonds propres.  Wendel à 20 euros, c’est donc surtout une forte anticipation d’augmentation de capital dilutive, et une spirale baissière qui n’est peut-être pas terminée mais qui s’inversera si le cours de Saint Gobain rebondit fortement.
La leçon à tirer pour les actionnaires qui s’étaient laissés bercer d’illusions ?  Ne jamais faire confiance aux déclarations d’un dirigeant qui quitte le navire. Il n’y a pas de doute concernant sa bonne bonne foi, sauf s’il s’avèrait qu’il a profité du rebond pour céder son paquet d’actions.