Bilan 2018 : la douzaine d’assemblées générales annuelles qui ont marqué la saison

Carton jaune pour Thales mais aussi LVMH et Vinci 

La plupart des sociétés publient le résultat des votes de leur AG dans la foulée de celle-ci mais pas LVMH et surtout pas Thalès qui n’a toujours rien publié suite à son AG du 23 mai. La recommandation de l’Afep est une publication sous quinzaine. Deux grandes sociétés du CAC40 Vinci et LVMH qui comptent pourtant de nombreux actionnaires individuels (8 % pour Vinci) n’offrent toujours pas la solution de vote en ligne Votaccess. Xavier Huillard craint-il la présence d’un trop grand nombre de petits porteurs ? Un mauvais point pour une société qui veut participer à la privatisation d’ADP.


AG Thermador du 9 avril 2018 : le syndrome du bon élève

En ce qui concerne Thermador, ce ne sont pas les actionnaires qui s’en plaindront.  Alors que cette année, certaines entreprises du CAC40 comme Carrefour, ont tout simplement renoncé à retransmettre leur AG par Internet, l’ETI lyonnaise Thermador s’est lancée dans l’aventure vidéo. Pointilleuse sur la gouvernance et connue pour sa tendance à chouchouter ses actionnaires, Thermador a réuni environ 160 petits porteurs à son AG. Ils représentaient 64 % des droits de vote. Merci à son PDG Guillaume Robin pour cette première retransmission qui élargit l’audience de la société.

AG L’Oréal du 17 avril 2018 : luxe, calme et hypnose

Les actionnaires de L’Oréal, comme anesthésiés, ont voté sans sourcillier les résolutions de rachat et d’annulation d’actions, qui permettraient  à la famille Bettencourt de prendre le contrôle sans lancer d’OPA ou au PDG Jean-Paul Agon d’endetter L’oréal pour racheter à Nestlé les 20% du capital qui l’encombrent. Le quorum a atteint 79,1% et seule la résolution modifiant les franchissements de seuil statutaires a été contestée à hauteur de 20 %.

AG Vinci du 17 avril 2018 : un administrateur référent très dépendant

Le renouvellement du mandat d’administrateur du PDG  Xavier Huillard passe mal ( 71 %) et sa rémunération ex-ante de 2018 a été elle aussi mal votée (46 % de contre). Quant à la convention réglementée de l’administrateur référent Yves Thibault de Silguy qui se fait rémunérer pour une fonction qui requiert une totale indépendance, elle a failli être rejetée avec 49,7 % de votes contre. Des  mauvais points pour la gouvernance.

AG Vivendi du 19 avril 2018 : un contrôle rampant dynastique

Prenant de court les actionnaires qui ne s’y attendaient pas, Vincent Bolloré a annoncé qu’il se retirait de la présidence du conseil de surveillance et laissait sa place à son fils Yannick. Cette succession dynastique dans une entreprise du CAC, en théorie non contrôlée qui affiche un quorum de 66 %, n’est pas la première du genre ( Danone, Lagardère…). L’OPA rampante devient une particularité française et un art chez les Bolloré auxquels l’AMF ne trouve rien à redire. De père en fils.


AG CGG du 26 avril 2018 : lâcher de billet excessif sur PDG insuffisant

L’association RegroupementPPLocal a posé 20 questions écrites principalement sur la gouvernance et les rémunérations versées au PDG partant Jean-Georges Malcor. Il a bénéficié d’une prime exceptionnelle malgré son bilan sombre, et comme le PDG de Carrefour Georges Plassat, d’une indemnité de non concurrence alors qu’il part en retraite. Dans un quorum de 46%, sa rémunération a tout de même recueilli 96 % des voix. Après la dernière augmentation de capital, les actionnaires individuels ont été dilués. Il ne reste guère que les fonds vautours et la BPI au capital depuis ce mois de juin.

AG AccorHotels du 20 avril 2018 : des bons bretons contre qui ?

L’AG a été centrée sur la stratégie dans le digital qui justifierait qu’on se débarrasse de l’immobilier, ce qui est chose faite depuis quelques jours. Les actionnaires ont voté la scission et la cession de ces actifs pourtant très significatifs les yeux fermés, sans en connaître le prix. La principale précoccupation du management a semblé quant à elle, tourner autour de la géographie du capital. Le PDG Sébastien Bazin a présenté une résolution sur les Bons Breton (destinés à faciliter un contrôle rampant ?). L’affaire n’a pas plu. Cette résolution anti-OPA a été votée de justesse avec 53,35 % de votes « pour ». A suivre.


AG Danone du 26 avril 2018 : noyer l’actionnaire dans un océan de salariés

PDG fraîchement nommé, Emmanuel Faber a annoncé qu’il allait associer plus étroitement les 100 000 salariés du Groupe à la gouvernance à long terme de l’entreprise en mettant en œuvre le principe « une personne, une voix, une action ». Ça ressemble à une coopérative, mais ce n’est pas une coopérative. Il distribuera d’ici 2019 une action gratuite à chacun des salariés, assortie d’un intéressement fondé sur un multiple du dividende. On ne sait pas encore si chaque actionnaire pourra venir voter en AG. En attendant, depuis la nomination du PDG, le cours de Danone a considérablement sous-performé l’indice sectoriel.


AG Publicis du 30 mai 2018 : combien vaut Maurice Lévy ? 

L’année 2017 a  été, pour Publicis, une année charnière,  avec le passage de témoin, de Maurice Lévy à Arthur Sadoun, nouveau Président du Directoire. S’il a abandonné la direction exécutive, Maurice Lévy a conservé des rémunérations qui ont fait grincer des dents. Quelque 2,8 M€ pour un président du conseil c’est beaucoup trop. Ce say on pay ex ante pour 2018, a été mal voté par les actionnaires en AG ( 61%).


AG Total, le 1er juin 2018 : le pétrolier rattrappé par GreenPeace

Il ne suffit pas de faire une bonne année pour faire une bonne AG. En France, contrairement aux US, il n’est pas facile pour les ONG de déposer de résolutions externes, mais ça n’a pas empêché Greenpeace de s’inviter bruyamment pour dénoncer l’exploration dévastatrice du pétrole au Brésil par Total. L’AG a même été suspendue 45 minutes. Les résolutions sur le renouvellement de mandat de Patrick Pouyanné (PDG) et sa rémunération n’ont été adoptées qu’avec un peu plus de 81% des voix.


AG Renault du 15 juin 2018 : Ghosn et le mystère de l’Alliance

Carlos Ghosn a sauvé sa rémunération à la tête de Renault en acceptant une baisse qui pourrait être de l’ordre de 20 % en 2018. Les actionnaires du groupe ont voté à 56,5 % les 7,4 M€ attribués en 2017 qui s’ajoutent aux 9,2 M€ touchés au titre de ses fonctions chez Nissan. Beaucoup de questions sur le fonctionnement de l’Alliance RNVB. Le renouvellement de son mandat d’administrateur pour 4 ans chez Renault a recueilli 82 % des voix. Le sujet est maintenant l’organisation de sa succession.


AG Carrefour le 15 juin 2018 : un parachute doré encore grand ouvert

La saison des grandes AG a été clôturée en beauté par Carrefour. Les syndicats ont fait du chahut pour dénoncer les licenciements massifs mis en oeuvre par le PDG Alexandre Bompard. Et c’est surtout le paiement par Carrefour de 13,7 M€ de rémunérations et primes en 2017 à son prédécesseur Georges Plassat parti en retraite avec une rente de plus de 500 000 €/an, qui a fait scandale. Dénoncé par Phitrust et Proxinvest. G. Plassat  a fini par renoncer à une petite partie de la somme soit 3,9 M€ correspondant à des indemnités de non concurrence indues. Le président du comité de rémunération Thierry Breton n’était pas présent à l’AG, il s’est exprimé en vidéo. Il fallait du courage pour affronter les syndicats et l’ex-ministre a préféré botter en touche.