Banques : cap de résistance à 105 Mds€

Chacun de nous prête de l’argent aux banques, rien qu’en déposant ses revenus ou son salaire sur un compte courant, ce qui est obligatoire en cas de paiement par chèque ou virement. De ce point de vue, les tests de solidité (stress tests) publiés le 26 octobre 2014 par la Banque centrale européenne (BCE) sont destinés à nous rassurer et à rétablir la confiance dans le système bancaire. Ils doivent aussi prouver que les banques européennes sont assez solides pour continuer à soutenir l’économie. Explications.

Les clients ont prêté 1650 milliards d’euros aux banques

On ne le rappellera jamais assez : les premiers créanciers des banques sont leurs clients. En France, le montant des dépôts « prêtés » par les épargnants (particuliers ou personnes morales) à leurs banques s’élève ainsi à la modique somme de 1650 milliards d’euros. Un pécule que l’on n’a pas du tout envie de voir partir en fumée! Il existe bien la garantie des dépôts – jusqu’à 100 000 euros par personne et par banque (pour les particuliers), mais les fonds mis de côté pour indemniser les déposants en cas de crise généralisée, sont en réalité très insuffisants pour combler l’éventuel défaillance d’une banque à réseau. C’est donc au contribuable que l’on fera payer la note en cas de nouvelle crise.

New-ECB-Premises_CW_2014-04_EB_0201

Personne ne veut en arriver là. Et pour l’heure, les « crash tests » bancaires menés par la Banque centrale européenne ( BCE) sont plutôt porteurs d’une bonne nouvelle. En France, toutes les banques de guichet ont réussi le test qui consiste à établir si les bilans résisteront à une prochaine crise. Même chose pour les établissements qui proposent des comptes rémunérés (ING ou encore la Banque PSA…), en théorie, ils sont solides. Certes, Axa Bank Europe a raté son test de résistance et a déjà corrigé le tir mais inutile de s’inquiéter: Axa Banque qui ouvre des comptes en France n’est pas une filiale d’Axa Bank Europe mais une sœur de celle-ci. Elle dépend directement de l’assureur Axa.

Le Crédit Mutuel, le plus petit mais le plus costaud

A la loupe, on distingue quelques nuances entre établissements. A la sortie des stress tests, le groupe Crédit Agricole est la banque qui s’en sort le mieux grâce à ses caisses régionales : il pourrait perdre 28 milliards d’euros après les trois ans de crise simulée, sans que la solidité du groupe n’inquiète les autorités de contrôle, c’est ce que nous disent les tests.

Les banques BNP Paribas et Société Générale afficheraient quant à elles respectivement 32 milliards d’euros et 19 milliards d’euros de pertes et dépréciations de toutes sortes fin 2016. Ce n’est pas rien mais, encore une fois, ceci devrait se passer sans déroger aux règles de solidité (les fameux ratios de fonds propres) c’est en tout cas ce que résument les tableaux de la BCE. Quant au groupe Banque Populaires-Caisses d’Epargne, il perdrait 17 milliards et afficherait des ratios un peu moins bons que ses trois concurrents mais toujours rien d’inquiétant pour l’autorité de contrôle. Enfin, le groupe Crédit Mutuel, plus petit reste aussi et de loin le plus costaud en terme de ratio, malgré une perte estimée à 9 milliards d’euros d’ici 2016, en cas de déconfiture

La déconfiture de Dexia : une question à 60 milliards d’euros

Bien sûr, il y a toujours ceux qui diront que les critères qui ont permis à la BCE de simuler trois ans de crise, ne sont peut-être pas assez sévères, ou que les calculs sous-estiment les risques. C’est une remarque qui revient régulièrement chez les analystes financiers de Wall Street.

Le scénario de base qui laisserait tout de même une ardoise de 105 milliards d’euros à nos cinq grandes banques de dépôt, mérite toutefois qu’on lui accorde une certaine crédibilité. Tous les risques ne sont pas éliminés mais on peut penser que les coussins de sécurité sont là avec des fonds propres bancaires qui ont souvent triplés depuis 2007. Reste une question à laquelle la BCE n’a pas répondu : quel serait l’impact sur nos banques de détail françaises d’une déconfiture des établissements – il en reste 13 – qui ont échoué aux stress tests et dont fait partie la banque franco-belge Dexia ? Une question à 60 milliards d’euros.

A lire également :