Brandicourt quitte Sanofi après avoir engrangé 63 millions €

Le 1er septembre 2015, Michel Combes, DG d’AlcatelLucent quittait sa société bientôt vendue à Nokia avec un pactole qui faisait scandale, après avoir passé seulement deux ans à la tête du groupe¹. Quatre ans plus tard, peu de choses ont changé.

Olivier Brandicourt, le patron de Sanofi affichera le 1er septembre prochain un nouveau record. Malgré l’instauration du Say on Pay de la loi Sapin II, malgré la révision du code Afep-Medef, malgré la réforme toute fraîche de la retraite chapeau,  le DG partira en retraite, après avoir engrangé plus de 63 millions €. Une somme démesurée acquise en l’espace de 4 ans et 5 mois passés à la tête du laboratoire pharmaceutique.

Le mandat d’Olivier Brandicourt n’est pourtant pas flamboyant. Il se solde pour les actionnaires de Sanofi par une perte sèche, et ceci, malgré la distribution de dividendes (12 € environ en quatre ans) et une séquence de marché plutôt favorable aux actions.

Un patron couvert d’or à son arrivée et à son départ 

En avril 2015, les primes perçues à son arrivée par ce médecin débarqué tout droit de chez Bayer Santé, avaient fait scandale. Son golden hello s’élevait à l’époque à quelques 18 millions €. Le 1er septembre prochain, il partira en retraite à 63 ans avec un magot de 63 millions €.

Sanofi lui versera  une rente annuelle de l’ordre de 530 000 € jusqu’à la fin de sa vie. Au total, compte tenu d’une espérance de vie de 25 ans, lui ou ses ayant droits toucheront quelque 13,3 millions € de retraite chapeau.

La réforme de ces « retraites à prestations définies » qui vient d’être prise par ordonnance, arrive trop tard (voir notre article : Réforme de la Retraite Chapeau : le « toujours plus » des grands patrons).

Si le futur ex-président de Sanofi, part avec une retraite chapeau aussi généreuse, après moins de 5 ans à la direction générale, c’est parce que Sanofi lui a concédé à son arrivé, dix ans de cotisations gratuites à la retraite, sans exiger en échange aucune condition de performance ! Avec la réforme des retraites chapeau, à compter du 1er janvier 2020, il ne sera plus possible, de faire de tels cadeaux.

Des performances mitigées qui n’ont pas empêché Brandicourt de toucher le jackpot

Nommé en février 2015 chez Sanofi, après l’échec de son prédécesseur Chris Viehbacher, Olivier Brandicourt, alors âgé de 59 ans, était en position de force. Sanofi cherchait depuis des mois un nouveau DG tandis que le précédent avait été débarqué sans que la succession ai été assurée. Aux abois, le conseil avait alors accepté de verser un golden hello astronomique : une prime d’arrivée de 4 millions € plus 66 000 actions gratuites Sanofi (5,2 millions €) et dans le paquet cadeau, les fameuses 10 années de cotisations rétroactives à sa retraite chapeau passées relativement inaperçues à l’époque.

Puis, s’ ajouteront à ce golden hello, des rémunérations plantureuses. Entre Avril 2015 et jusqu’au départ prévu le 1er septembre, Olivier Brandicourt touchera quatre années et 5 mois d’une rémunération annuelle comprenant un fixe de 1,2 million € et un variable court terme. Le variable à court terme aurait pu atteindre 250 % du fixe soit 3 millions €/an. Mais compte tenu des performances mitigées d’Olivier Brandicourt, sa rémunération variable à court terme restera en dessous de 170 % du fixe. Au total, les montants versés annuellement représenteront tout de même un pactole de 13,6 millions €² qui viendra s’ajouter au reste.

Malgré la mauvaise tenue de l’action Sanofi, Olivier Brandicourt ne sera pas privé de ses rémunérations de long terme. Il se verra attribué chaque année depuis 2015, 220 000 stocks-options et quelques 50 000 actions gratuites. Au total, il engrange sous forme d’actions 27,2 millions € de rémunérations différées³ entre 2015 et 2019, avec une date d’exercice ou d’acquisition peuvent aller jusqu’en 2025. Autant dire que sa rémunération différée dépendra surtout in fine des performances de son successeur.

Récapitulatif :

  • 9,2 millions € de Golden Hello à son arrivée soit 4 millions € de rémunération cash auxquels se sont ajoutés 66 000 actions gratuites acquises en 2018 valorisées 5,2 millions €. Voir ci-dessous également le cadeau de bienvenu lié à la retraite chapeau.
  • 5,3 millions € de rémunérations fixes d’Avril 2015 à septembre 2019 = 53 mois sur une base mensuelle de 100 K€
  • 8,3 millions € de rémunération variable court terme d’avril 2015 à septembre 2019 (estimation de 2019 équivalent 2018 pro rata temporis). Elle devra être votée par les actionnaires lors de la prochaine AG.
  • 13,3 millions € de retraite chapeau : rente annuelle d’environ 530 000 € multipliée par une espérance de vie de 25 ans. A noter que sur les 14,4 années de cotisation versées au titre de sa retraite par Sanofi, les 10 années de cotisations rétroactives sans condition de performance accordées à son arrivée représentent un montant cumulé de 8,9 millions € sur les 13,3 millions.
  • 27,2 millions € de stocks-options et actions gratuites attribués. Entre 2015 et 2019, Olivier Brandicourt s’est fait attribuer une contrevaleur d’environ 15,8 millions € d’actions de performance gratuites en cours d’acquisition pour les millésimes 2017-18-19 ainsi que 11,4 millions € de stock options € (fin de la période d’exercice dans les 10 années de l’attribution).

¹ Voir article Affaire Alcatel-Combes 

Retrouvez les éléments de rémunérations d'Olivier Brandicourt :

Communication du 26 juillet 2019 (conditions de départ)

Communication de mars 2019 (rémunération de 2018 et politique 2019)

Communication de mars 2018 (rémunération de 2017 et politique 2018)

Communication de mars 2017 (rémunération de 2016 et politique 2017)

Communication de 2016 (retraite chapeau – conditions de performance)

Communication de mars 2016 (rémunération de 2015 et politique 2016)

Communication de février 2015 (Golden Hello)

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Louis
4 années plus tôt

Juste un point sur la retraite chapeau d’Olivier Brandicourt, quand vous écrivez « le futur ex-président de Sanofi part avec une retraite chapeau aussi généreuse, après moins de 5 ans à la direction générale, parce que Sanofi lui a concédé à son arrivée, dix ans de cotisations gratuites à la retraite, sans exiger en échange aucune condition de performance ».

Je pense pour ma part que Sanofi avait besoin de rémunérer la perte du bénéfice de la retraite chapeau de Bayer, pour l’attirer.