Dassault Systèmes : la poule aux oeufs d’or de Bernard Charlès

Dans le milieu des très grands patrons, l’âge du capitaine, est rarement synonyme de sagesse. C’est même parfois tout le contraire. On ne lâche pas un poste à 5 millions € par an en moyenne sans préparer ses arrières. La période de deux ou trois ans qui précède le départ en retraite est stratégique. Pendant sa « pré-retraite » active, le haut dirigeant va s’arranger pour être sûr de partir les poches bien pleines, s’il n’a pas pris ses précautions avant. Le cas de Carlos Ghosn, est probablement loin d’être une exception, même si la plupart des patrons, essaient de rester dans les clous et de protéger leur réputation.

Bernard Charlès : une rémunération de 45 millions € en 2018 plus 2,5 millions € de dividendes

A 60 ans Bernard Charlès, le DG de Dassault Systèmes aura été probablement le patron mieux payé du CAC40 en 2018. Bernard Charlès ne touchera pas de retraite chapeau à son départ. Il fait mieux que ça.

Le 23 mai 2019, en assemblée générale, les actionnaires constateront que celui qui occupe le poste de vice-président du conseil d’administration et directeur général de la société contrôlée à 40 % par la famille Dassault, s’est fait octroyer une rémunération de 45 millions € en 2018. Ce chiffre peut même se transformer en 84 millions € ou même beaucoup plus, si l’action Dassault Systèmes (135 €) ne baisse pas et si la société réalise les performances imposées pour toucher ce jackpot. En 2017, le DG de Dassault Systèmes était déjà en tête des rémunérations du CAC avec 24,6 millions € (chiffres Proxinvest) et méritait notre carotte d’Or.

Bernard Charlès s’est construit une rente en se faisant octroyer des montagne d’actions et de stock-options de sa société comme il est de coutume dans le secteur des logiciels. La success story de Dassault Systèmes l’a toujours protégé des critiques liées à sa rémunération. Il est entré chez Dassault Systèmes en 1983 et, sur les traces de l’ancien PDG Charles Edelstenne, il a participé au début du XXIème siècle, à la construction d’une société qui a su mettre le capitalisme familial au service du meilleur des compétences en matière de technologie. Il a fini  par prendre la direction générale en 2016, date à laquelle il est aussi entré au conseil d’administration de Sanofi (75 000 € de jetons de présence en 2018).

La famille Dassault, satisfaite de ses services lui a octroyé pas moins de 1,3 % du bénéfice réalisé au cours de l’exercice 2018. En plus de son fixe de 1,4 million € et de son variable à court terme de 1,5 million €, Bernard Charlès a eu droit en 2018 à 600 000 actions sous condition de performance dont la moitié par anticipation sur 2019, soit au total une rémunération environ 9 fois supérieure à la moyenne de ses pairs de l’indice CAC40 !

Le DG possédait fin 2018, 3,8 millions d’actions Dassault Systèmes, soit 1,46 % du capital de la société accumulé à la faveur des plans d’actions gratuites et des stock-options. La distribution de dividende annuel du groupe qui a engrangé de bons résultats, va lui permettre d’ajouter 2,5 millions € à ses revenus annuels, le 29 mai prochain. Une rente qui vaudra beaucoup mieux qu’une retraite chapeau car elle sera moins fiscalisée pour le dirigeant grâce à la « flat tax », et ceci tant que les affaires de Dassault Systèmes restent aussi florissantes.

A l’AG de Dassault Système, les résolutions appelées au vote des actionnaires, numérotées 4-5-6-7-8 concernent les rémunérations des dirigeants.

Retrouvez ici : Le détail du calcul de la rémunération attribuée en 2018