Votes fantômes : 3,4 % du capital n’auraient pas dû voter à l’AG 2018 de Kering

Le groupe de Luxe Kering, qui se débat en plein drame fiscal, a également rencontré des difficultés dans le comptage de ses votes en AG, le 26 avril 2018. Il a publié un court rectificatif non daté ainsi qu’un procès verbal reprenant les nouveaux scores rectifiés. La rediffusion du webcast de son AG, n’étant pas mise en ligne, il a été difficile de reconstituer la différence entre les anciens votes et les nouveaux (voir ci-dessous). L’erreur identifiée porte sur le quorum mais elle n’a guère eu de conséquence, en revanche, sur les scores des onze résolutions. L’impact est limité au maximum à 0,3 %, et le sens des votes est maintenu.

Comme de nombreux émetteurs, Kering a donc enregistré un trop plein d’actions votantes. Son quorum pointait à 81,11 % le jour de l’AG au lieu de 77,67 % constatés après la correction de l’erreur. Celle-ci porte donc sur 3,4 points de quorum. Autrement dit, des actions fantômes pour une contrevaleur de 1,6 milliards € sont apparues le jour de l’AG puis on disparu ensuite.

Une panne informatique aurait empêché la mise à jour des votes des actions Kering cédées ou prêtées avant l’AG ?

Kering qui dit avoir « subi une erreur dans la comptabilisation des votes, suite à un problème informatique sur l’application d’un intermédiaire financier », nous a fourni  quelques explications supplémentaires. « L’un de nos intermédiaires financiers, qui tient les comptes au porteur de nombreux investisseurs, a alerté fin juillet CACEIS, centralisateur de l’Assemblée Générale de KERING, qu’une panne informatique avait entraîné une erreur dans la comptabilisation des votes à diverses assemblées générales, dont celle de KERING »  nous a-t-on indiqué.

En l’espèce, ladite panne aurait, explique-t-on, empêché l’intermédiaire financier de transférer à CACEIS, entre la date d’inscription au vote en AG par les actionnaires concernés et la date de référence pour le vote (record date au 24 avril 2018), les ajustements rendus nécessaires par des changements dans la détention des titres. Il en aurait résulté un excès total de 4.339.003 votes comptabilisés lors de l’Assemblée Générale.

Autrement dit, nous comprenons que les actions fantômes de Kering auraient appartenu à des actionnaires qui entre le moment où ils ont voté et le moment où il faut justifier de la détention des actions ( 48 heures ) se seraient séparés de leurs titres ( ou les auraient prêtés ?) ou n’auraient pas produit d’attestation de détention convaincante. En temps normal, leur teneur de compte aurait du avertir le centralisateur qui aurait alors décompté leurs votes du quorum et les aurait exclu du vote. Mais, dans le cas présent, le centralisateur invoque une panne informatique chez son confrère pour expliquer que l’annulation des votes n’ait pas été transmise.

Les anciens scores des résolutions de l’AG du 26 avril 2018 de Kering et les nouveaux

VRAI FAUX
1 99,70% 99,70%
2 99,69% 99,70%
3 99,95% 99,96%
4 95,70% 95,81%
5 99,61% 99,62%
6 83,21% 83,54%
7 80,28% 80,57%
8 79,82% 80,09%
9 79,80% 80,07%
10 99,53% 99,54%
11 99,96% 99,96%

 

Rectificatif des résultats de votes de Kering à l’aG du 26 juin 2018