Les minoritaires de Sequana réclament une OPA de BPIFrance sur la filiale Antalis

L’association Asamis qui rassemble plus de 250 actionnaires  du papetier Sequana et presque autant de sa filiale Antalis, demande à l’Autorité des marchés financiers la mise en oeuvre d’une offre publique par BPIFrance Participations sur le capital d’Antalis. En effet, c’est sur les actions Antalis que sont gagés les prêts accordés par BPIFrance Participation depuis deux ans. Or, les nantissements de ces prêts dont la majeure partie ( 47 sur 60 millions d’euros) sont à échéance du 31 janvier 2019, seront difficilement remboursables en numéraire, explique Daniel Pichot, président d’Asamis ( en photo), lui même actionnaire.  » Sauf à brader son actif Antalis ce qui irait à l’encontre des intérêts des actionnaires, Sequana et BPIFrance Participations s’orientent  nécessairement vers la mise en oeuvre des garanties et au cours actuel, une prise de contrôle d’Antalis » constate-t-il.

Nantissement par BPIFrance : le seuil de 30 % d’Antalis dépassé, une OPA s’impose

Le 28 septembre 2017, la banque publique et le groupe Caisse des Dépôts (CDC), qui tiennent lieu de fonds souverains de l’Etat français, ont indiqué à l’AMF que le franchissement de seuil de 30 % n’était pas dans leurs intentions, mais cette déclaration valable pour 6 mois n’a pas été renouvelée en mars dernier. Par conséquent, l’association s’estime fondée à demander la mise en oeuvre d’une OPA obligatoire ( art. 234-1 à 234-11 du RG de l’AMF) de BPIFrance Participations sur les actions d’Antalis, nanties à hauteur de plus de plus de 50 %.  BPIFrance a potentiellement franchit le seuil de déclenchement des OPA de 30 % et  les minoritaires qui possèdent autour de 18% du capital d’Antalis,  demandent un prix d’offre basé sur les comptes au 31 décembre 2017, c’est à dire au prix d’introduction en Bourse de 3 euros.
Asamis a l’intention de continuer à lever des procurations auprès des actionnaires des sociétés Sequana et Antalis, et de se présenter avec un taux de participation conséquent à la prochaine AG de Sequana qui se réunit sur seconde convocation le 21 juin 2018, où elle fera valoir ses arguments.

Asamis veut s’opposer au vote de la résolution 4, le 21 juin 2018

A ce jour,  dans l’intérêt de ses membres, l’association envisage de s’opposer à la résolution numéro 4 qui concerne ces fameux prêts attribués par BPIFrance Participations dans des conditions de taux ( 12% pour du court terme) et de garantie que Daniel Pichot estiment contraires aux intérêts du groupe, voire porteuses de conflit d’intérêt. (voir ici l’extrait du tableau des commissaires aux comptes sur ces conventions).
Signées entre Sequana et la banque publique (17 % des droits de vote et deux sièges au conseil d’administration), ces conventions requièrent l’avis des actionnaires.  En cas de vote négatif, la responsabilité de l’administrateur en question et du conseil pourrait être engagée.
Ces conventions réglementées n’ont pu être votées en AGO, sur première convocation, le 24 mai dernier, faute de quorum suffisant. Et le 21 juin, BPIFRance étant partie prenante aux conventions, elle ne pourra pas non plus participer au vote. Or, celui-ci qui requiert la majorité simple ( 50 %), ce qui se jouera à peu de chose près.

Interview du Président d’Asamis, Daniel Pichot,

par Didier Testot, LaBourseetlaVie.com du 12/6/2018 en partenariat avec minoritaires.com

Daniel Pichot

L’association Asamis qui a pour vocation le regroupement des actionnaires du groupe papetier Sequana et de sa filiale Antalis, se positionne donc pour recueillir un maximum de procurations. Créée en décembre 2016, l’association fait valoir qu’elle a multiplié en 2017 les rencontres avec la direction de Sequana pour se positionner de manière constructive et obtenir des éclaircissements sur la situation du groupe, qui n’a cessé de se dégrader. Depuis, deux ans, le cours de Sequana a été divisé par trois (en tenant compte de la distribution d’actions Antalis) et celui d’Antalis par plus de deux depuis sa cotation, il y a un an. Compte tenu des résultats du groupe déficitaires, Asamis n’a cessé de réclamer, au cours des deux derniers exercices,  un ajustement à la baisse de la rémunération annuelle de la Direction ( 3 millions d’euros en 2017 pour le PDG Daniel Lebard et la direction générale) et des jetons de présence versés au conseil d’administration (0,7 M€). Des sommes qui ont représenté 10 % de la capitalisation boursière en 2017 donc 10 % du prix de l’action Sequana, et probablement autant en 2018.

La politique de la chaise vide en AG et le défaut de quorum, un nouvel outil des minoritaires pour se faire entendre

Avant l’assemblée générale mixte du 24 mai 2018, Asamis a déposé des résolutions externes, pour demander la nomination de trois administrateurs, la révocation du mandat d’administrateur du PDG Daniel Lebard, ainsi qu’une modification des statuts emportant un engagement des administrateurs à détenir au moins 40 000 actions Sequana ( environ 20 000 €) contre 100 (soit une valeur d’environ 50 €) à ce jour.
Devant les nombreux obstacles rencontrés par Asamis, liés au changement de certaines modalités de vote par procuration du centralisateur BNP Paris, et au refus de Sequana de proposer à ses actionnaires l’utilisation de la plateforme de vote en ligne Votaccess qui facilite la levée de procurations, Asamis explique qu’elle a préféré pratiquer la politique de la chaise vide et a refusé d’y participer. Elle n’aurait obtenu que 13 % des votes en AG,  au lieu des 26 % attendus ( équivalents à 7 % du capital).
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