CGG : Malcor partira avec un pactole de 7 millions €

Pile il gagne, face je perds ! Pour les dirigeants des grands groupes, quelques soient leurs performance et même si les actionnaires ont été ruinés, c’est toujours la même histoire…lorsqu’ils quittent l’entreprise, les conseils d’administration leur octroient des pactoles de plusieurs millions d’euros.  Et que l’Etat soit le premier actionnaire de la société comme c’est le cas chez CGG, ne change rien à ces rémunérations d’autant plus indécentes qu’elles viennent couronner un échec de la conduite des affaires. Après s’être séparé de la moitié des effectifs de CGG et avoir cédé les trois quarts des navires, le directeur général de l’ex-Compagnie Générale de Géophysique, Jean-Georges Malcor va terminer son mandat en octobre 2018 et il peut compter sur un pactole de l’ordre de 7 millions €. Que la veuve de Carpentras soit ruinée ne change rien  ( Lire notre article).

Pas d’indemnités de départ, mieux une confortable retraite chapeau

Jean-Georges Malcor aura passé 8 années à la tête de CGG, et la restructuration industrielle menée ces dernières années aura coûté 4 milliards (de pertes) aux actionnaires. Le DG va être remplacé mais pas question de le débarquer  sans indemnités et sans qu’il puisse prétendre à sa retraite chapeau.  Si les actionnaires donnent leur accord, il partira donc tranquillement en octobre 2018 sans perdre de ses avantages.  Et pour qu’il veuille bien mener  sa mission de restructuration jusqu’au bout, il touchera même des primes.

Le départ de l’intéressé, annoncé le 4 décembre dernier, aura lieu dans des conditions inespérées. Que son remplaçant arrive ou non avant le 1er octobre 2018, date à laquelle il pourra faire valoir ses droits à la retraite, il restera en poste avec tous ses avantages. Si le nouveau DG  arrive avant le mois d’octobre,  le conseil fera bénéficier  Jean-Georges Malcor d’un contrat de travail sur mesure en attendant la date de son départ en retraite.

Ainsi, le conseil d’administration de CGG peut-il insister sur le fait que le DG quittera le groupe « sans aucune indemnité de départ ». Il est vrai qu’entre des indemnités de départ et une retraite chapeau de plusieurs centaines de milliers € par an, dont le coût total pour CGG, est de l’ordre de 4,5 millions €, il n’y avait pas photo.

Une prime exceptionnelle

En attendant, jusqu’à la date de son départ, sa rémunération fixe continuera à lui être versée  soit 52 500 € par mois , que ce soit au titre de son mandat social de DG ou de son contrat de travail ce qui représente annuellement 630 000 €. Sa performance de 2017 ne lui donnera pas droit à son bonus annuel mais pour le récompenser d’avoir conduit la restructuration jusqu’au bout, le conseil est prêt à lui accorder une prime exceptionnelle de 150 000 € bruts à 250 000 €. Elle sera conditionnée à la mise en œuvre du plan et au refinancement de la dette.

Une indemnité de non concurrence plantureuse

Encore plus stupéfiant, pour un dirigeant qui part en retraite,  Jean-Georges Malcor a obtenu le versement d’une indemnité de non concurrence de 18 mois égale à 100% de sa rémunération annuelle de référence soit environ 1 million € d’après nos calculs. Elle pourrait même être portée à 24 mois (1,3 million € environ) s’il doit quitter ses fonctions de DG avant le 1er octobre 2018 sans qu’on comprenne bien pourquoi.

Le conseil est décidément très dispendieux avec l’argent des actionnaires qui supportent des pertes collossales. Il y a de quoi se poser de sérieuses questions quant à son indépendance voire quant à sa responsabilité dans la déconfiture du groupe. Et on peut conclure que la présence de l’Etat via la BPI au capital, n’a été le gage d’aucune modération en termes de rémunérations.

Actions gratuites et stock-options en prime 

Pour clore le tout, le conseil a laissé  à Jean-Georges Malcor le bénéfice des primes mises en place en juin 2015 et 2016, qui lui ont été octroyées sous forme unités de performance sous réserve que les conditions de performance soient atteintes. Il lui a également laissé le bénéfice de ses options de souscriptions d’actions attribuées et en cours à ce jour.

L’estimation des unités de performances pourrait aller jusqu’ à  520 000 € ( 1UP = 1 action gratuite, calcul  sur la base du cours actuel de 3,80 € par action CGG). Les stocks-options n’ont pas été octroyées à un prix d’exercice qui permet pour l’instant d’espérer une plus value.

Le vote de la prime exceptionnelle en AG

L’assemblée générale de CGG se réunira avant juin 2018, avec une nouvelle géographie du capital qui fera la part belle à DCNA, au fonds opportuniste Boussard & Gavaudan, et au fonds américain Contrarian Capital pour ne citer que les créanciers les plus significatifs qui voient leurs dettes transformées en actions. Les anciens actionnaires ( hors DNCA) seront désormais très très minoritaires au capital. Par conséquent, l’attribution de la prime exceptionnelle à Jean-Georges Malcor qui requiert un vote à la prochaine AG, devrait passer « comme une lettre à la Poste ».

Document CGG du 4 décembre 2017 : conditions relatives à la fin du mandat de DG, Jean-Georges Malcor

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6 années plus tôt

Ses performances en termes de destruction de valeur ont été olympiques, et on occultera le rejet de l’offre de Technip fin 2014 à un cours avant les différents regroupements au moins 200 fois supérieur à l’actuel. Celui qui y verrait une quelconque volonté de préservation à tout prix des avantages de Mr Malcor ferait se bidonner les statues de cire du musée Grévin… Comment peut-on penser à pareilles calembredaines ? Le souci n’est pas d’encadrer les rémunérations à la hausse (création de richesse = emplois = rétribution des performances et de la prise de risque) car l’opinion publique peut comprendre cela si on l’éduque un tantinet sur les sujets économiques (elle accepte bien les salaires stratosphériques des joueurs de foot). La pierre angulaire du sujet est que les rémunérations des patrons doivent être réduites à peau de chagrin en cas d’insuccès liés à des facteurs endogènes (incompétence) et que les… Lire la suite »