La France est réputée pour la qualité de ses ingénieurs, elle ne l’est pas auprès des investisseurs pour la qualité de ses dirigeants à tort parfois. Les talents de magiciens dont font preuve certains patrons français, relève du grand art. Leur capacité à détourner l’attention des actionnaires, des journalistes et des politiques pour piétiner discrètement le droit des minoritaires et verrouiller leur capital, est extraordinaire. La semaine dernière, en assemblée générale, les actionnaires ont assisté à du grand spectacle. Alors que les projecteurs étaient braqués sur l’Italie ou sur la prise de contrôle ratée d’Ubisoft, Vincent Bolloré en profitait pour installer son fils Yannick, à sa place à la tête du conseil de surveillance de Vivendi. Chez AccorHotels, au même moment, Sébastien Bazin nous faisait rêver sur son nouveau modèle digital. En réalité, il était en train de verrouiller définitivement le capital du groupe et de boucler la cession au rabais, du contrôle du seul principal actif tangible d’AccorHotels, son parc immobilier de 891 hôtels. Le PDG de L’Oréal qui avait habitué ses actionnaires a plus de transparence, s’est lancé lui aussi dans son tour de magie avec un certain succès. Hypnotisant ses actionnaires avec le mirage de la beauté éternelle et des promesses « de patchs Laroche Posay à placer entre le pouce et l’index », il leur arrachait en toute discrétion l’autorisation de verrouiller son capital, au profit de l’actionnaire familial.