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AG Veolia le 19 avril 2018 : Un gros effort a été fait cette année chez Veolia sur la gouvernance avec Nathalie Rachou, nommée présidente du comité d’audit et Maryse Aulagnon administratrice référente et présidente du comité des rémunérations. La présentation de la rémunération du PDG a été détaillée et bien expliquée aux actionnaires et donc bien votée (plus de 90 %, voire 96 % pour la rémunération 2018). Il est vrai aussi qu’Antoine Frérot n’est pas le plus gourmand des patrons.

Si la partie de présentation des comptes reste un peu faible chez Veolia compte tenu des performances médiocres de 2017, les participants à l’AG auront apprécié la présentation des résolutions liées aux augmentations de capital par le secrétaire général Helman Le Pas de Sécheval, ancien de l’AMF qui s’est donné la peine de préciser à chaque résolution, quelles ont été les utilisations des autorisations antérieures, et quelles étaient exactement les enveloppes concernées en terme de % du capital, ce qui est loin d’être toujours le cas.

Antoine Frérot s’est agacé des questions d’actionnaires sur les pratiques avérées de corruption au sein de Veolia (SIAP). S’agissant de la perte de son contrat (eau) au Gabon où le groupe s’est fait exproprié, le PDG a minimisé en expliquant que ces déboires ne représentaient qu’un demi % du résultat du groupe et 40 millions € de perte sèche éventuelle seulement car le groupe a engagé un recours auprès des instances internationales.

La Caisse des Dépôt détient presque 9 % de Veolia du fait de l’activation de ses droits de votes doubles au bout de deux ans. Antoine Frérot s’est félicité de l’arrivée de deux investisseurs de moyen terme de bon augure, il s’agit de Blackrock et Franklin Templeton qui ont autour de (5 %  chacun). Une flotte de hedge funds a aussi débarqué au capital, ce qui semble en revanche moins bien coller à la stratégie de long terme du groupe. A vrai dire, il y a  dans l’air comme un parfum d’OPA, peut-être du à la spéculation sur un probable départ d’Antoine Frérot, au plus tard en 2021. Or, il vient précisément d’être renouvelé. Sans enthousiasme de la part des actionnaires. La résolution concernant le renouvellement de son mandat d’administrateur n’a recueilli que 69,45 % des suffrages. Le quorum était de 78% et les votants 6155. Le score du PDG est médiocre. La convention réglementée liée à son indemnité de départ, a elle aussi été boudée avec 30 % de votes contre.

Le cours de Veolia s’est redressé avec une nouvelle stratégie et un quasi doublement en 5 ans, mais il est encore très en dessous du prix de l’action constaté lorsqu’Antoine Frérot a pris la tête du groupe en novembre 2009.

AG AccorHotels, le 20 avril 2018 : Sébastien Bazin, le PDG du groupe a fait cette année encore un grand show pour convaincre que sa stratégie qui consiste à vendre les actifs tangibles du groupe ( près de 900 hôtels) pour se recentrer sur leur exploitation, est la bonne…quoique lui-même a expliqué qu’il pouvait aussi se tromper finalement. L’AG d’Accor a été toute centrée sur la stratégie dans le digital qui justifierait qu’on se débarrasse de l’immobilier. Avec, il est vrai une remarquable pédagogie. Les questions des actionnaires sont restées très timides. Deux d’entre elles concernaient les droits de l’homme ( la prostitution en Thailande et le harcèlement sexuel du personnel hôtelier).

Aucune demande d’explication des actionnaires sur la vente du parc hôtelier. Comme le veut la recommandation de l’AMF sur les cessions d’actifs significatifs ( 2015) Accor se devait de demander leur avis consultatif aux actionnaires en AG. Sebastien Bazin ne s’est pas senti obligé non plus de donner des détails sur la transaction qui va permettre à Accor de déconsolider des milliards € de dettes logées dans la structure AccorInvest. C’est cette foncière bourrée d’hôtels qui va être cédée. Pour combien, on ne sait pas exactement, dans quelle proportion ? 55 % peut-être plus . Avec quelle plus ou moins-value ? Aucun chiffre n’a été communiqué. On sait seulement que c’est la quasi totalité des actifs tangibles logé dans un holding luxembourgeois qui vont quitter le groupe, qu’Accor ne possédera plus que 30 % des droits de vote et qu’en cash, AccorHotels ( ce qui reste) va récupérer 4,4 milliards dont 1,35 milliard qui va être rendu aux actionnaires, sous forme de rachat d’actions. Pas de compte pro forma sur le groupe, une fois la cession consommée. Pas de détail non plus, sur une éventuelle cotation en Bourse dont tout le monde parle. Braves actionnaires, soutenus par les conseils en vote, il ont dit oui à 99 % !

En revanche, 22 à 23 % des votes se sont exprimés contre la rémunération 2017 des dirigeants ( Sébastien Bazin et Sven Boinet). Retraites chapeau, indemnités de départ  et surtout « assurance chômage » pour le PDG…les engagements réglementés n’ont pas eu beaucoup de succès non plus auprès des investisseurs ( 22 % de votes contre).

L’impression est celle d’une gouvernance assez désinvolte. On a ainsi appris sans aucune explication le non renouvellement de quatre administrateurs siégeant au Conseil d’AccorHotels. Il s’agit de Mercédès Erra, Bertrand Meheut, Jean-Paul Bailly et Vivek Badrinah. Des pertes de compétence pour le conseil qui a accueilli l’an dernier l’ancien Président Nicolas Sarkozy, lequel siège à présent à coté de deux représentants des émirats et six femmes au sein d’un conseil restreint. Le siège de président du comité d’audit tenu précédemment par Bertrand Méheut est donc vacant.

En assemblée générale, Sébastien Bazin a présenté une résolution sur la possibilité d’émettre des bons de souscription (Bons Breton) à hauteur de 25 % du capital, pour noyer un éventuel attaquant. L’affaire n’a pas plu du tout : la résolution anti-OPA a tout de même été votée de justesse avec 53,35 % de votes « pour » et 46,65 % de « contre » car les Bons Breton nécessitent une majorité simple, c’est une curiosité du droit des sociétés.

AG PSA, le 24 avril 2018 : Une AG intéressante mais qui a évité d’aborder les sujets qui fâchent, très masculine comme le Comex de Peugeot SA, avec des actionnaires passionnés par les développements de l’industrie automobile. Louis Gallois, président du conseil de surveillance qui a promis de quitter le conseil en 2020, le temps de former son successeur,  et Carlos Tavarès, Président du Directoire,  forment un tandem efficace. Ce dernier a passé un très long moment à relater les faits marquants de 2017 et du début 2018 ainsi que l’avancée du plan, sans oublier de parler des caps difficiles en termes de technologies ( Véhicule électrique, fin du Diesel, mise à jour des logiciels, véhicule autonome…) de géographie ( Iran…) mais très peu d’information sur le sujet social pourtant au centre des débats. Il n’a pas mâché ses mots concernant la gouvernance à l’Allemande d’Opel critiquée.

La pédagogie de Carlos Tavarès a été appréciée des actionnaires présents qui n’ont posé aucune question, ni sur la gouvernance, ni sur les rémunérations. La seule intervention un peu musclée a émané du président de l’ARE, Nicolas Miguet qui s’est présenté avec des procurations pour quelques milliers d’actions. Le quorum s’est établi à 77,85 % pour 4723 votants à comparer avec les 47,44 % détenus par les trois principaux actionnaires, le Groupe familial Peugeot (17,63 % avec DVD des votes exerçables), BPI France ( 9,87 % dans DVD) et DongFeng ( 19,94 % avec DVD). Hors ces trois actionnaires de concert, les actionnaires individuels, salariés et investisseurs représentaient 39 % des droits de vote exprimés en AG et ils ont exprimé une très forte contestation sur plusieurs sujets.

  • Une contestation assez forte de ces minoritaires s’est exprimée lors du vote des résolutions de nomination ou cooptation des administrateurs. Environ 17 à 21 % des voix se sont exprimées contre ( 18,3 % contre le renouvellement de Louis Gallois et 21,20 % contre BPI France). Par conséquent, on peut en déduire qu’entre 44 et 54 % des minoritaires de PSA qui votaient, ont voté contre le renouvellement ou la cooptation des administrateurs.
  • Les résolutions ayant trait aux rémunérations des membres du Directoire, ont été elles-aussi contestées par les minoritaires avec 19 à 25 % de droits de vote exprimés contre en AG, ce qui rapporté aux votes des minoritaires représente une contestation de 49 à 64 % de ceux-ci. La prime exceptionnelle de 1 million € qui a porté la rémunération potentielle de Carlos Tavarès à 8,4 millions €, pour l’année 2017 ( compte tenu du cours actuel appliqué aux actions remises gratuitement) a contrasté fortement avec les réductions d’emplois de l’année 2017. Elle n’a pas plu aux agences de conseil en vote et a donc été mal votée par les investisseurs.
  • Enfin, la résolution Bons Breton qui proposait d’émettre des bons de souscription d’actions à hauteur de 50 % du capital pour se protéger si nécessaire en cas d’OPA, a été adoptée à 72,55 %, elle aussi avec des minoritaires qui s’y sont fortement opposés puisque 70 % d’entre eux, ont voté contre. Ces chiffres supposent que  les résolutions proposées par le conseil étaient soutenues par les trois actionnaires de concert. La direction de PSA aurait-elle fait les frais de la mauvaise humeur des investisseurs anglo-saxons qui n’apprécient pas du tout le verrouillage et les droits de vote doubles dans les statuts.