Faut-il s’inquiéter du nouveau report du mariage Essilor-Luxottica ? Depuis le 26 juillet 2018, le régulateur chinois a approuvé le rapprochement entre les deux groupes mais il a imposé ses conditions. Parmi celles-ci, le régulateur interdit à Essilor-Luxottica d’exiger l’exclusivité auprès des détaillants chinois qui ne font pas partie de son réseau de franchisés. Compte tenu du marché de la contrefaçon très développé en Chine, on imagine que ce n’est pas une bonne nouvelle pour les futurs mariés qui ne pourront pas non plus obliger leurs clients à effectuer des achats groupés (verres et montures).
L’autorisation chinoise, dernière condition suspensive à l’accord, aurait du permettre de signer le 31 juillet, les contrats d’apports entre Essilor et Luxottica qui avaient été reportés fin juin (voir notre article). Or, l’accord en question n’a toujours pas été signé. Lors de la présentation des comptes semestriels aux analystes, le PDG Hubert Sagnères a indiqué que la transaction ( voir script de la conférence) était maintenant certaine mais que les équipes avaient besoin de plus de temps. Il faudra aussi compter sur le fait que le nouveau groupe aura du mal à communiquer ses nouvelles perspectives tout de suite après la signature de l’accord car il devra mettre en oeuvre « un retrait de la cote » de l’action du groupe italien et les informations diffusées seront limitées de ce fait, pendant trois mois au moins. Certains analystes se sont montrés inquiets sur la possibilité de dégager des synergies du fait du rapprochement dès 2019, le PDG n’a pas rassuré sur la date à laquelle, les synergies seront réalisées mais il a laissé entendre qu’elle serait probablement plus importantes que prévu car le projet a été initié en janvier 2017 et date maintenant de deux ans.
La fin du troisième trimestre est la nouvelle deadline officieuse pour la signature des apports et de ce fait, on peut calculer que la communication des nouvelles perspectives de l’ensemble devrait intervenir au plus tôt en toute fin 2018. Quant à l’assemblée générale reportée du 25 juillet dernier dont l’objet était de faire voter des augmentations de capital, des actions gratuites pour les salariés, des plans de stock-options et d’actionnariat salarié ainsi que les rémunérations des futurs dirigeants, elle avait été annulée fin juin et n’a toujours pas été reconvoquée. La façon dont va être managé le nouveau groupe n’est pas encore fichée et « cela peut prendre un peu plus de temps », a encore indiqué le PDG. A surveiller dans les jours prochains.
On notera que s’il y avait une remise en cause du rapprochement, qui ne semble pas à l’ordre du jour, elle occasionnerait le versement d’une indemnité de rupture de 200 millions d’euros à payer par l’un ou l’autre des partenaires. Dissuasif. Ici en page 10 et 11.