L’histoire se répète, les petits porteurs chinois découvrent à leurs dépends que les arbres ne montent pas au ciel. Mais tandis que la finance irresponsable fait de nouveaux dégâts en Asie, en Occident, les affaires continuent. Voici une petite revue de presse estivale de ce que vous avez peut-être manqué en août 2015.
Dossier EDF Areva : le gouvernement fait l’autruche
L’esquisse d’un accord signé fin juillet entre EDF et Areva est loin de résoudre tous les problèmes du spécialiste du nucléaire. Une tribune non signée parue dans Libération du 11 août, fournit une très bonne analyse de la situation. Elle montre qu’EDF et l’Etat continuent à mettre la tête dans le sable. Tant que l’avenir du traitement-recyclage des combustibles usés provenant des réacteurs en activité, n’est pas réglé, c’est-à-dire celui de l’avenir de l’usine de La Hague, le sauvetage d’Areva restera précaire.
Jean Nouailhac dans un article paru dans Le Point impute la déconfiture d’Areva à son ex-patronne Anne Lauvergeon. Une quinzaine de milliards € de pertes, excusez du peu. Nous avons à faire à un scandale aussi retentissant que celui de Jean-Yves Haberer au Crédit Lyonnais et de Michel Bon chez France Telecom devenu Orange, soutient le journaliste. Il fallait le dire.
OPE sur Lafarge : les petits porteurs maltraités
L’OPE sur Lafarge s’est terminée sur un succès pour le suisse Holcim. Ayant ramassé plus de 95% du capital de Lafarge SA, il prépare une offre publique de retrait dont nous attendons les modalités dans les semaines à venir. Des dysfonctionnements ayant empêché une partie des petits porteurs de Lafarge de vendre entre le 27 et le 30 juillet les actions Lafarge détenues sur le PEA, ils ont pris de plein fouet la baisse du cours de Lafarge liée notamment à la dilution provoquée par la distribution d’actions gratuites Holcim (devenu LafargeHolcim). Voir notre article à ce sujet.
Accord Alstom-GE: dernières tractations toujours opaques
L’épilogue de l’affaire Alstom-GE n’est plus très loin. Alstom a mis 300 millions € sur la table fin juillet pour que General Electric puisse obtenir le feu vert de la commission européenne en vue du rachat de sa branche Energie. Sans plus d’explications comme d’habitude et sans l’accord de ses actionnaires non plus. Du coup, Bruxelles serait prêt à donner son accord. Des tractations toujours aussi opaques. Reuters cite deux sources qui lui ont confié que le feu vert de Bruxelles était dans la poche pour le 11 septembre. Le titre Alstom s’est envolé de 6% le 17 août…y-aurait-il eu un nouveau délit d’initié ? A moins que les articles des agences de presse ne tiennent lieu désormais de communication officielle aux actionnaires.
Salaires des patrons: les anglo-saxons dénoncent les excès
Après deux ans et demi à la direction générale d’Alcatel-Lucent, Michel Combes a profité de l’été pour quitter discrètement son poste avec un pactole de 13 millions €, il ne reviendra pas en septembre.
Deontofi, la lettre de la déontologie financière de Gilles Pouzin, expose les conclusions d’une étude menée par deux professeurs canadiens, agrégés de philosophie. Conclusion : les arguments avancés pour justifier les rémunérations excessives des haut dirigeants ne tiennent pas la route, démontrent les auteurs.
Chez les anglo-saxons, on commence d’ailleurs à se poser des questions. Le FT reprend les propos d’Andy Haldane, l’économiste en chef de la Banque d’Angleterre qui ne se prive pas de critiquer les stratégies centrées sur « la création de valeur pour l’actionnaire ». Elles seraient surtout un prétexte pour accroître la rémunération des dirigeants. Et ce n’est pas tout, le Royaume Uni n’est plus insensible aux excès comme le montre la publication d’un rapport britannique. Le « Pay ratio », ne cesse d’augmenter outre-Manche. Les patrons britanniques perçoivent une rémunération annuelle 183 fois supérieure à celle de leur salariés en moyenne. Ce ratio était de 160 en 2010. Sans commentaires.
Aux Etats-Unis, la réforme de Wall Street, le Dodd-Frank-act et le Consumer Protection Act prévoyaient la publication du « Pay ratio » par les entreprises cotées. Malgré les contestations, la SEC ( Securities Exchange Commission) a décidé le 5 août que les firmes de Wall Street devront divulguer chaque année le rapport entre la rémunération annuelle du CEO et celle des autres employés. Le gendarme des marchés américain a établi la marche à suivre pour calculer ce ratio et plus rien ne s’oppose à ce que les autorités d’autres pays lui emboîtent le pas. L’Afrique du Sud y réfléchit. En France, l’Apai ( Association pour la promotion de l’actionnariat individuel) qui milite depuis des années pour que ce « pay ratio » fasse partie des informations communiquées aux actionnaires, finira-t-elle par avoir gain de cause ?
Malversations: pas de trêve pour la sphère financière
Notre revue de presse estivale est également riche, s’agissant des litiges financiers. La justice a mis à nu le système Wendel qui met notamment en cause l’ancien président du Medef Ernest-Antoine Seillière. Mediapart consacre une enquête à cette affaire qui date de 2007. Elle a permis à l’équipe dirigeante de Wendel, qui comprend une douzaine de cadres supérieurs de soustraire 110 millions € d’impôts au fisc. Résultat: quinze mises en examen au total. La banque d’affaires JP Morgan Chase, conseil pour le montage fiscal jugé frauduleux, fait partie du lot.
Très discrètement, le gendarme des marchés a condamné cet été, trois membres du comité exécutif de Faiveley et un membre de son conseil de surveillance pour délits d’initiés concernant des faits datant de 2012. Les amendes restent bien minces: la commission des sanctions a requis 370 000 € d’amende pour ces quatre personnes alors que cette malversation leur a permis d’éviter 190 000 € de pertes. Rien de vraiment dissuasif.
Du côté des banques, c’est la filiale de Natixis, NAM (Natixis Asset Management) qui fait maintenant l’objet d’une enquête de l’AMF. En cause : des dépassements de frais et une mauvaise information corrélative des porteurs de certains fonds à formule (fonds à promesse et à capital garanti) de NAM. A suivre…
Pas de trêve non plus pour la Société Générale. On a appris peu avant l’annonce de ses résultats semestriels que sa filiale SGBGE était citée comme témoin assisté dans le dossier des biens mal acquis par Theodorin Orbiang, le fils du président Equato-Guinéen. C’est par cette filiale qu’aurait transités une partie des fonds traqués par les enquêteurs. Et la banque risque d’être prise dans les filets.
Interrogés par Reuters lors de la conférence de presse du 5 août, les dirigeants de Société générale ont refusé de s’expliquer sur ce nouveau dossier qui concerne le détournement de fonds publics. La banque a toutefois augmenté ses provisions pour litiges dont la liste est longue.
Bien moins évidemment que celle de Goldman Sachs qui vient de mettre de côté 2 milliards $ supplémentaires pour payer ses amendes à venir. Les provisions pour litige de la banque américaine atteignent maintenant 5,8 milliards $ ! Les malversations bancaires sont devenues si courantes qu’on trouve normal de se faire une cagnotte pour les payer le jour venu !
BNP Paribas qui a fait partie des neuf banques poursuivies dans une affaire de manipulation de changes, mettra de nouveau la main au portefeuille pour s’acquitter de 103 millions € de dédommagements, dans le cadre d’un arrangement. Au total 2 milliards $ ont été versés par les neuf banques en question afin d’obtenir l’abandon d’une action en nom collectif. Une information passée presque inaperçue, la veille du 15 août.
Enfin si vous avez manqué cette info, notez la sur votre agenda. Le 17 septembre prochain Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne et ancien premier ministre luxembourgeois sera auditionné sur les pratiques fiscales du Luxembourg, mises en lumière par l’affaire Luxleaks.
Le trading haute fréquence : le poison et le lampiste
Le trading haute fréquence c’est à dire le courtage sur titres opéré via des ordinateurs surpuissants, rapides comme l’éclair, et bourrés d’algorithmes, présente l’intérêt de pouvoir alléger le nombre de traders en chair et en os, quand il ne s’agit pas de piller les épargnants qui passent des ordres. Or, jusqu’ici, le THF semblait avoir au moins un atout majeur : il permettait d’améliorer la liquidité des marchés, croyait-on. Cet argument est sérieusement battu en brèche. Puisqu’il provoque des « flash crashs », il est évident que le THF nuit à la liquidité des marchés, c’est l’Agefi qui le dit.
Et comme il est pour l’instant impossible de mettre les ordinateurs qui provoquent les flash crashs, en prison, on peut toujours condamner les lampistes. Un article paru dans le Financial Times s’interroge sur un mode très british, quant à la culpabilité de Savinder Singh Sarao. Ce trader risque jusqu’à 380 années de prison pour avoir notamment provoqué le flash crash du 6 mai 2010 qui a vu la cotation à Wall Street s’interrompre et les cours plonger de 9 %.
Inquiétude du côté des hedge funds
Si comme Claren Road, un hedge fund de Carlyle, en pleine déconfiture, d’autres fonds spéculatifs devaient enregistrer des pertes et des retraits massifs, la sphère financière pourrait continuer à trembler à l’automne. Le principe est toujours le même, les HF liquident certains actifs pour rembourser (trimestriellement) les investisseurs qui souhaitent récupérer leurs billes après des pertes, sur les matières premières par exemple. Les marchés d’actions étant les plus liquides c’est là que s’opèrent les ventes massives. Et pour se refaire, d’autres fonds spéculatifs (et peut-être les mêmes ?) jouent la baisse et l’accentue. Irresponsable !
Retrouvez les articles cités
Libération: Areva est-il recyclable ?
Le point: scandale Areva ou scandale Lauvergeon
Le Monde: Alstom remet 300 M€ sur la table pour GE
Reuters: GE aura le feu vert de Bruxelles selon des indiscrétions
Deontofi : les pactoles des patrons injustifiables selon une étude canadienne
Europe 1: un grand patron anglais gagne 183 fois plus qu’un employé
Forbes : les nouvelles règles de publication du « pay ratio » aux US
Mediapart : le système Wendel à nu
L’AMF épingle discrètement quatre membres de Faiveley
Les Echos: Natixis AM dans le collimateur de l’AMF
Capital: De nouvelles provisions pour litiges à la Société Générale
La Tribune: Goldman Sachs provisionne 2 Mds$ de plus pour ses litiges
Agefi : Le trading haute fréquence nuit à la liquidité
Le quotidien : Juncker auditionné sur Luxleaks
FT : Sarao le flash trader risque 380 années de prison
Agefi : un HF de Carlyle fait face à des retraits massifs
Peut – on m’expliquer ce qui se passe chez ALTICE .
En effet j’ai cru comprendre que chaque actionnaire recevait 3 actions nouvelles A et 1 action nouvelle B par action détenues.
Or mon PRU a été divisé par 3 pour les actions A et rien pour les B
Pour moi mon PRU aurait dù ètre divisé par 4 ,
Merci de me faire comprendre
Sincères salutations. JP ROMET