Le 19 avril 2018, Vincent Bolloré profitait de l’Assemblée générale de Vivendi pour annoncer qu’il transmettait à son fils Yannick la présidence du conseil de surveillance. Imposer ainsi une succession dynastique au sein d’une entreprise membre du CAC 40 était contraire aux règles de bonne gouvernance, mais les mécanismes de contrôle n’ont pas fonctionné.
Mi-mars 2019, le fonds activiste Phitrust Active Investors, a demandé la révocation de Yannick Bolloré, arguant d’un problème de gouvernance à la tête du groupe. Il a proposé à d’autres fonds de le rejoindre pour que le départ de Yannick Bolloré du conseil de surveillance puisse être inscrit à l’ordre du jour de la prochaine Assemblée générale du groupe, le 15 avril. « Dans une structure de gouvernance duale à conseil de surveillance et directoire, la place des grands actionnaires est de siéger au conseil de surveillance et la place des dirigeants opérationnels est d’être membres du directoire »,indiquait PhiTrust.
Yannick Bolloré étant à la fois président du conseil de surveillance de Vivendi et PDG d’Havas, filiale de Vivendi, et ayant en parallèle, « la responsabilité de surveiller le directoire de Vivendi auquel il doit lui-même rendre des comptes », faisait remarquer Phitrust qui a proposé de « co-déposer une résolution visant à mettre fin par anticipation au mandat de membre du conseil de surveillance de M. Yannick Bolloré ».
Toutefois, l’initiative n’a pas pu aller à son terme, en raison du pourcentage de capital insuffisant présenté avant le 21 mars 2019, en accompagnement de la résolution. Phitrust aurait dû réunir 0,5 % du capital, ce qui correspond à un montant d’actions de 168 millions €.
Cet échec laisse perplexe. Il confirme qu’il n’est pas nécessaire en France de lancer une OPA pour s’approprier une société du CAC40 qui pèse 34 milliards d’euros, et la transformer en un groupe familial.
L’autorité des marchés financiers avait suggéré au législateur de modifier la loi qui permet aux actionnaires détenant seul ou à plusieurs, 0,5 % du capital d’une société, de déposer des résolutions « dites externes » en AG (c’est à dire qui ne sont pas à l’initiative du conseil qui s’y oppose généralement). Le seuil à réunir pour prendre cette initiative devait passer de 0,5 % à 0,25 % du capital, mais le gouvernement n’a jamais mis en oeuvre cette proposition qui aurait pu, pourtant s’inscrire dans la loi PACTE.