Tout finit par arriver. Jean-Pierre Rémy va quitter SoLocal Group le 30 juin prochain. le Directeur Général a décidé de prendre les devants sans attendre d’être débarqué, alors qu’une recomposition du capital est maintenant bien engagée.
La prochaine Assemblée générale des actionnaires devrait proposer de voter la révocation du Président Robert de Metz et de l’administratrice Cécile Moulard à la demande d’un groupe d’actionnaire conduit par Pierre-Henri Leroy ( fondateur de Proxinvest), Baudoin de Pimodan ( Président de SoLocalEnsemble), auquel s’est joint au dernier moment, le premier actionnaire de Solocal, Benjamin Jayet, gérant de BJ Invest.
Voir notre article à ce sujet ici.
Parallèlement, un autre groupe d’actionnaires composé de Family offices ( dont celui de la famille Amar), a obtenu du conseil d’administration l’inscription à l’ordre du jour de l’AG, la nomination de quatre nouveaux administrateurs qui devront encore se présenter à la prochaine AG.
Le Président Robert de Metz, refuse toujours de partir
Pour autant, une dernière étape importante reste à franchir pour changer la gouvernance de l’entreprise qui a ruiné ses actionnaires au profit des créanciers puis des salariés.
Le Président Robert de Metz qui avait indiqué en décembre dernier qu’il restait car « un capitaine ne quitte pas son navire pendant la tempête » n’a toujours pas l’intention de tirer les leçons du naufrage qui a failli couler l’entreprise. Il compte s’accrocher pour rester à son poste.
Le suspense devrait se poursuivre en AG, ce 13 juin. En bonne logique, Robert de Metz ne pourra pas voter avec ses actions, ni avec les pouvoirs en blanc des actionnaires pour s’opposer à la résolution « A » qui prévoit sa révocation, puisqu’il y aurait conflit d’intérêts. Mais encore faut-il que la règle soit respectée, et que les actionnaires qui voteront soient suffisamment nombreux pour que cette résolution de Pierre-Henri et Bénédicte Leroy, soit adoptée ( 50 % des voix sont nécessaires). Car seule, une nouvelle gouvernance capable de séduire de nouveaux actionnaires, peut aider à faire le clair sur la vraie valeur du groupe, qui elle, reste un vrai mystère.
« L’arrivée de nouveaux administrateurs, le départ du président, seront l’occasion de se pencher sur la stratégie industrielle de Solocal et de mettre en place l’équipe managériale la plus apte à répondre aux défis auxquels est confronté le groupe. » estime Baudoin de Pimodan, qui préside de l’association des actionnaires SoLocalEnsemble. Il serait temps d’en parler effectivement.
Il est vrai que depuis maintenant 16 mois, les actionnaires de Solocal Group font l’amère expérience d’une gouvernance irrespectueuse de leurs intérêts, et ils sont encore loin d’être sortis de l’ornière. Ces derniers mois, les projecteurs ont été fixés sur la restructuration en cours et les bisbilles entre les parties prenantes. Des épisodes qui ont fait diversion. Avec le changement de gouvernance, la question centrale va devenir celle de la viabilité du groupe qui a été éludée depuis trop longtemps.
« L’action SoLocal peut-elle tomber encore plus bas » c’est la question centrale que se posent chaque jour les actionnaires historiques ? La perte de crédibilité des dirigeants est une chose, mais la vraie valeur du business de SoLocal en est une autre.
Les chiffres ne sont pas glorieux : depuis deux ans, le cours a encore été divisé par 4 même en tenant compte de l’attribution d’actions gratuites récente. A l’automne 2016, le DG Jean Pierre Rémy esquissait une valeur d’entreprise de 1,5 milliard €. Or, le marché n’en donne guère plus d’1 milliard aujourd’hui, dette comprise. La notation de cette dette, reste d’ailleurs exécrable. Elle vient d’être relevée d’à peine un cran de « Caa1 » à « B3″ par Moody’s et l’entreprise se classe toujours dans la catégorie «dettes pourries ». Il n’est donc pas possible dans ces conditions de refinancer le nouvel emprunt qui pompe encore plusieurs dizaines de millions € par an rien qu’en frais financiers.
L’Ebitda récurrent divisé par deux en cinq ans, recule sans cesse depuis 10 ans, et il ne retrouvera pas le chemin de la hausse avant 2018, selon le « futur » ex-DG. Mais, Jean-Pierre Rémy a-t-il compris ces derniers temps que sa stratégie ne pourrait plus faire illusion longtemps ? Le conseil a-t-il pris conscience ces dernières semaines que l’objectif ne serait pas tenu ? Il est vrai que les dernières nouvelles ne sont guère enthousiasmantes et il y a urgence. Au premier trimestre 2017, le chiffre d’affaires global de SoLocal a continué de baisser ( -1 % ) tandis que la hausse des revenus du digital ne compense pas l’effondrement des activités imprimés et vocal ( -21 %).
Voter en AG le 13 juin pour « finir le travail »
Les actionnaires sont donc appelés à se mobiliser pour finir le travail, autrement dit changer la gouvernance afin de savoir très exactement quelle est la vraie valeur du groupe. Il faut parfois du courage pour affronter la vérité. Baudoin de Pimodan, qui préside de l’association de SoLocalEnsemble appelle à tourner la page, et indique qu’il fera les choix suivants à l’AG :
Résolution 4 et 5 : Vote contre. Sur les conventions réglementées, la résolution 4, il semble que la société manque de transparence sur ces engagements dits réglementés qui sont susceptibles de générer des conflits d’intérêts. SoLocalEnsemble posera d’ailleurs une question à ce sujet. C’est la même chose pour la cinquième résolution concernant l’indemnité de départ et la clause de non-concurrence de Monsieur Pingard.
Pour sa part RegroupementPPLocal présidée par Alexandre Loussert, qui fait partie du conseil d’administration, n’a pas donné d’instruction à ses membres en vue du vote des résolutions de l’AG du 13 juin prochain. Peut-être celui qui considérait dans nos colonnes en août 2016 que SoLocal était « une belle société, leader du digital en France », et que « l’implication des 4200 salariés était une franche réussite », préfère-t-il aujourd’hui éviter d’ouvrir la boîte de Pandore.
A relire :
Interview d’Alexandre Loussert, président de l’association RegroupementPPLocal