LafargeHolcim : chronique d’un mariage arrangé

Si vous avez manqué le début, voici la chronologie détaillée, étape par étape, du rachat de Lafarge

par le concurrent suisse Holcim. Une opération à rebondissement qui n’a plus rien d’une fusion « entre égaux ».

Le mariage arrangé des deux leaders mondiaux du ciment, permet avant tout à Albert Frère, premier actionnaire de Lafarge, de transférer une nouvelle partie de sa fortune en Suisse. Mais pour la France, le prix à payer sera lourd : le rachat de Lafarge fait passer un nouveau pan de l’industrie française sous pavillon étranger. Pour obtenir le feu vert de 15 autorités de concurrence à travers le monde, les deux groupes ont du céder environ 15 % de leurs actifs à des concurrents et avec, des effectifs salariés qui se chiffrent en dizaine de milliers.

Les sièges sociaux des deux groupes seront décimés et les équipes mixées de force. Les actionnaires individuels de Lafarge seront sortis du jeu car le nouveau titre LafargeHolcim, bien que coté sur Euronext ne sera pas admis dans le PEA. Le groupe versera ses dividendes en Suisse.

A contrario, la fusion peut se révéler une bonne affaire pour les grands actionnaires capables de suivre Lafarge en Suisse. Si le nouveau groupe réussit à échapper à la menace d’importantes amendes des autorités de la concurrence, les profits pourraient s’envoler. LafargeHolcim, leader mondial sur le marché du ciment et des granulats sera en partie désendetté. Il disposera de brevets à l’avant garde, financés par le Crédit d’impôt recherche (CIR) français. Il tirera profit de la bienveillance helvétique, bien connue de ceux qui pratiquent les prix de transfert. Au final, des économies de frais financiers et de coûts de personnel, des achats à bon compte et une fiscalité des dividendes attractive, pourraient soutenir les cours.

Retrouvez ci-après tous les détails de l’opération classés par ordre chronologique.

4 avril 2014 : Le titre Lafarge s’envole et prend 8 % à 63,50 euros sur des rumeurs de fusion avec le suisse Holcim. Il s’agit des deux plus gros cimentiers au monde. Bloomberg évoque un accord qui pourrait échouer pour des raisons de concurrence.

6 avril 2014 : Les sociétés Lafarge et Holcim signent un accord d’exclusivité pour mener les négociations concernant le projet d’OPE d’Holcim sur Lafarge. La parité d’échange prévue à l’origine étant d’une action Holcim contre une action Lafarge. Le cimentier français est conseillée par Rothschild & Cie et Zaoui & Co. UBS et Société Générale conseillent l’acquéreur suisse.

7 avril 2014 : Holcim et Lafarge communiquent sur un projet de fusion « entre égaux ». La capitalisation boursière de Lafarge est de 18,4 Mds € et de 21,4 Mds € pour le suisse. Les conseils des deux groupes soutiennent le projet. Le nouveau groupe vise 32 Mds€ de chiffre d’affaires dans 90 pays et un Ebitda de 6,5 Mds € (8 Mds FS). Wolfgang Reitzle serait le président et Bruno Lafont le DG d’un groupe qui comptera 140 000 personnes.  1,4 Md € de synergies sont au programme ainsi que des cessions représentant 10 à 15 % des actifs des deux groupes pour des raisons de concurrence. LafargeHolcim serait coté à Zurich et à Paris. Le nouveau groupe serait domicilié en Suisse. Le directeur financier d’Holcim occuperait les mêmes fonctions au sein du nouveau groupe, tandis que Jean-Jacques Gauthier, directeur financier de Lafarge serait en charge des opérations d’intégration. L’offre qui prendrait la forme d’une OPE d’Holcim sur Lafarge à raison de 1 action Lafarge pour 1 Holcim  sera conditionnée par l’accord des actionnaires d’Holcim et l’obtention de 2/3 des actions Lafarge.

Groupe Bruxelles Lambert (GBL) soutient la fusion qui fera de lui le 1er actionnaire du nouveau groupe avec 10 % du capital.

9 avril 2014 : les agences de notations envisagent de relever la notation de crédit de Lafarge.

12 mai 2014 : Bruno Lafont accorde un interview au journal suisse « Neue Zürcher Zeitung ». Il affirme que la localisation du siège social en Suisse n’est pas un problème politique en France, dès lors que le gouvernement reconnait que « la fusion renforcera toutes les parties impliquées ».

7 juillet 2014 : Holcim et Lafarge publient une première liste des actifs qui seront cédés. BNP Paribas conseille Lafarge dans ses cessions tandis que Crédit Suisse conseille Holcim.

21 juillet 2014 : Bernard Fontana, le CEO d’Holcim  indique que le dépôt des dossiers auprès des autorités anti trust a démarré. Au total, il s’agit de quinze dossiers à déposer.

28 octobre 2014 : Les deux sociétés annoncent avoir formellement notifié leur projet de fusion à la Commission européenne.  Celle-ci a pour mission d’apprécier les fusions et acquisitions entre entreprises afin d’empêcher que des concentrations entravent de façon significative l’exercice de la concurrence au sein du marché intérieur.

Septembre 2014 : La filiale syrienne du groupe Lafarge, soupçonnée d’avoir assuré la sécurité de l’usine en passant des accords avec les groupes armés locaux, et notamment l’Etat islamique, ferme l’usine .

15 décembre 2014 : La Commission européenne donne son feu vert au projet d’acquisition de Lafarge par Holcim. La décision est subordonnée à la cession de sites exploités par Lafarge en Allemagne, en Roumanie et au Royaume-Uni et d’activités d’Holcim en France, en Hongrie, en Slovaquie, en Espagne et en République tchèque.

24 décembre 2014 : Holcim et Lafarge annoncent la composition du futur comité exécutif du nouveau groupe qui doit être dirigé par Bruno Lafont. Il comptera 5 membres de chez Holcim et outre Bruno Lafont, quatre membres issus de Lafarge.

14 janvier 2015 : Dans un interview au Figaro, Bruno Lafont et Wolfgang Reitzle estiment que la fusion avance bien et que les synergies pourraient être supérieures aux attentes. Ils répètent que l’opération ne risque pas de se traduire par une absorption de Lafarge par Holcim et qu’il n’y a pas de place dans l’opération pour des querelles politiques.

15 janvier 2015 : La Banque nationale suisse abandonne le cours plancher du franc suisse qui gagne 20 %. Il s’en suit une chute de 9,92% de l’action Holcim et un gain de  4,53% pour l’action Lafarge.

1er février 2015 : Le journal NZZ am Sonntag révèle que le parquet suisse a ouvert une enquête après des soupçons de délit d’initié lors de l’annonce d’un projet de fusion entre les cimentiers suisse Holcim et français Lafarge en avril 2014.

2 février 2015 : Lafarge et Holcim annoncent être entrés en négociations exclusives avec le cimentier irlandais CRH pour la cession de 6,5 milliards d’euros d’actifs situés en Europe, au Canada, au Brésil et aux Philippines.

18 février 2015 : Lafarge annonce des résultats un peu moins bons que prévus pour l’année 2014.

2 mars 2015 : Holcim étudie plusieurs « incentives » pour inciter ses actionnaires à donner leur feu vert à la fusion avec Lafarge. Les dirigeants des deux groupes restent fixés sur la parité initiale de 1 pour 1.

9 mars 2015 : Thomas Schmidheiny qui détient environ 20 % d’Holcim et l’investisseur institutionnel Ethos qui représente quelque 200 fonds de pension demandent de meilleures conditions pour la fusion avec Lafarge, compte tenue de la flambée du franc suisse et des performances décevantes de Lafarge.

16 mars 2015 : Lafarge confirme avoir reçu du Président d’Hocim un courrier précisant qu’Holcim ne souhaitait pas poursuivre l’opération selon les termes de l’accord initial.

Selon des informations de DowJones, la banque d’investissement Perella Weinberg Partners, mandatée par le conseil d’administration d’Holcim, aurait publié, dans un rapport effectué sur la fusion, que 59% des bénéfices du futur groupe LafargeHolcim proviendraient d’Holcim pour seulement 41% de Lafarge.

17 mars 2015 : Un conseil d’administration exceptionnel est réuni chez Lafarge pour évoquer la parité de fusion avec Holcim et le partage de la gouvernance. Holcim veut une parité plus favorable et la main mise sur la gouvernance. Lafarge refuse toutes discussions sur la structure managériale tandis que les suisses souhaitent évincer Bruno Lafont de la direction générale.

20 mars 2015 : Lafarge et Holcim annoncent la conclusion d’un accord sur les termes révisés du projet avec une nouvelle parité d’échange de neuf actions Holcim pour dix actions Lafarge.

Initialement désigné comme directeur général du futur groupe LafargeHolcim, Bruno Lafont voit son futur rôle réduit à celui de co-président non exécutif du futur groupe.

23 mars 2015 : De nombreuses réunions ont lieu au siège de Lafarge pour évoquer le remplacement de Bruno Lafont à la tête de l’exécutif de LafargeHolcim. Jean-Jacques Gauthier, le directeur financier de Lafarge et Eric Olsen, directeur général-adjoint en charge des opérations du groupe sont tous les deux candidats.

27 Mars 2015 : Dans un entretien publié par le journal suisse Finanz und Wirtschaft, David Herro, responsable des placements sur les marchés pour le compte d’Harris Associates, qui détient 3,19% du capital d’Holcim, déclare que son vote à l’AG d’Holci sera subordonné au choix du DG du futur groupe. Harris Associates est le troisième détenteur de capital d’Holcim derrière Eurocement, leader russe de la fourniture de matériels de construction, dirigé par le russe Filaret Galtchev (10,8 %) et Thomas Schmidheiny, premier actionnaire avec 20,11% du capital.

29 mars 2015 : Selon un proche de Filaret Galtchev cité par le journal suisse Sonntagszeitung, l’homme d’affaires russe PDG et fondateur d’Eurocement (leader russe dans la fourniture de matériels de construction et parmi les 10 premiers cimentiers mondiaux)  qui détient 10,8% du capital d’Holcim, contesterait les termes du nouvel accord. Estimant d’une part que le nouveau ratio d’échange serait préjudiciable aux actionnaires d’Holcim, il réclame d’autre part que soit prise une décision au sujet du DG du futur groupe.

1er avril 2015 : Lafarge et Holcim ont obtenu un feu vert sous conditions des autorités indiennes de la concurrence pour leur projet de rapprochement. Pour cela elles doivent céder une cimenterie et une station de broyage, représentant une capacité annuelle de production de 5 millions de tonnes. Après l’opération le futur groupe disposera d’une capacité totale de production de 68 millions de tonnes en Inde.

4 avril 2015 : Le PDG de Lafarge, Bruno Lafont, assure malgré les réticences de Filaret Galtchev, que les termes du nouvel accord ne seront plus modifiés.

7 avril 2015 : Un site internet Holcimshareholders.ch est mis en ligne par IG Pro Holcim, groupe d’actionnaires qui protestent contre le projet de fusion. Pro Holcim estime que « l’esprit de Holcim est menacé » par l’opération. Selon eux, le groupe pourrait pâtir de la fusion dans les années à venir. Ils dénoncent, entre autres, l’endettement de la nouvelle entité qui pourrait avoir des répercutions sur les dividendes versés aux actionnaires.

Pourtant, si l’opération peut être considérée comme une perte pour la France d’un des fleurons de son industrie, l’affaire semble être, d’un point de vue financier, une opportunité pour les grands actionnaires.

9 avril 2015 : Les conseils d’administration des deux groupes ont donné leur accord à la nomination d’Eric Olsen, américain naturalisé français en 2014, Directeur général-adjoint de Lafarge en charge des opérations, à la direction générale de LafargeHolcim. Eric Olsen, 50 ans, recruté par Lafarge en 1999, a d’abord travaillé chez Deloitte & Touche, puis chez Paribas avant de rejoindre le cabinet de conseil Trinity Associates. Il a été directeur financier de Lafarge North America lorsque la filiale était cotée à Wall Street.

Lafarge dont la parité d’échange a été modifiée en sa défaveur et la nomination à ce poste de Bruno Lafont, remise en cause, gardera bien la DG de LafargeHolcim.

14 avril 2015 : Holcim et Lafarge annoncent les noms des membres du conseil d’administration du futur groupe. Wolfgang Reitzl, l’actuel président du conseil d’Holcim, et Bruno Lafont, président directeur général de Lafarge, sont pressentis à la coprésidence de LafargeHolcim.

Filaret Galtchev, annonce avoir répondu favorablement à la proposition de Wolfang Reitzle de faire partie du prochain conseil d’administration du futur groupe. Il déclare espérer que la proposition sera acceptée.

16 avril 2015 : Selon Reuters, Holcim a fait savoir jeudi que la proposition d’Eurocement de nommer son propriétaire Filaret Galtchev au conseil d’administration du futur LafargeHolcim arrivait trop tard pour pouvoir être examinée à l’assemblée générale du cimentier suisse le 8 mai.

Une rumeur reportée par Reuters affirmerait que Thomas Schmidheiny, premier actionnaire du groupe Holcim, craignait de voir le russe lancer une offre d’achat hostile, ce qui expliquerait qu’il ne l’ait pas fait entrer au conseil d’administration et ne l’ait pas informé au préalable de l’accord avec Lafarge.

Concernant l’entrée de Filaret Galtchev au conseil d’administration, un doute subsiste toujours quant à l’origine de la proposition. Emanerait-elle de Wolfang Reiztl pour inciter ce dernier à accepter le projet de fusion ou serait-ce une condition exigée par le russe ?

24 avril 2015 : Lafarge déclare que la Commission européenne a approuvé la cession de 6,5 milliards d’euros d’actifs d’Holcim et Lafarge au cimentier CRH. Cette cession était considérée indispensable par la Commission pour la réalisation de la fusion.

29 Avril 2015 : Le groupe russe Eurocement, actionnaire d’Holcim, déclare finalement accepter les termes du projet de fusion. Le soutien d’Eurocement renforce ainsi les chances pour Holcim d’obtenir l’aval en AG des deux tiers des actionnaires nécessaire à l’augmentation de capital pour financer l’opération.

Sachant que le nouvel accord n’a pas été modifié et que la nomination au conseil de Filaret Galtchev n’a pas été étudiée, on pourrait s’interroger sur les raisons de ce revirement de la part de l’actionnaire russe.

4 mai 2015 : Les autorités de la concurrence américaines et canadiennes autorisent la fusion entre Holcim et Lafarge. Il s’agit d’une des dernières étapes à la concrétisation du projet de fusion.

Le Comité d’entreprise de Lafarge SA examine pour la troisième fois l’offre d’Holcim et la rejette.

7 mai 2015 : Lors de l’assemblée générale du groupe Lafarge plusieurs voix s’élèvent pour critiquer le fait que les actionnaires minoritaires n’aient pas été consultés sur le projet de fusion. Bruno Lafont estime cette étape inutile, les actionnaires étant libre d’accepter l’OPE d’Holcim ou de la refuser.

En AG, les petits porteurs contestent d’une part le projet de fusion et la révision de la parité et d’autre part le fait que les nouvelles actions LafargeHolcim ne pourront être intégrées dans le PEA fiscalement avantageux car le groupe coté également sur Euronext aura son siège social à Zurich.

Le conseil d’administration de Lafarge approuve néanmoins le projet d’Offre.

8 mai 2015 : Les actionnaires d’Holcim approuvent lors de l’assemblée générale du groupe suisse à 93,74% l’augmentation de capital afin de finaliser l’acquisition du groupe français Lafarge.

L’AG d’Holcim approuve la création d’un capital social afin de permettre au conseil d’administration de LafargeHolcim de distribuer un nouveau dividende payable en actions aux porteurs d’actions LafargeHolcim.

Le paiement de ce dividende avait été abordé lors de l’AG de Lafarge par Bruno Lafont afin semble-t-il de motiver l’ensemble des petits porteurs à apporter leurs actions à l’offre.

Ce dividende doit être versé selon une parité d’une nouvelle action LafargeHolcim pour vingt actions LafargeHolcim existante.

Dans un communiqué publié sur leur site, Actares, actionnariat pour une économie durable, déclare s’être opposé lors de l’assemblée extraordinaire d’Holcim au projet de fusion. Elle estime comme insuffisantes les informations mises à disposition des actionnaires concernant les conséquences sociales du projet. Elle s’inquiète notamment des possibles répercussions sur les emplois en Suisse.

10 mai 2015 : Le conseil d’administration de Lafarge décide d’attribuer au PDG Bruno Lafont une prime exceptionnelle de 2,5 millions d’euros pour son « rôle clef » dans la gestion de la fusion avec Holcim. Le comité des rémunérations de Lafarge est présidé par Oscar Fanjul. L’ex-PDG de Repsol fait partie des administrateurs qui rejoindront le conseil de LafargeHolcim après la fusion.

11 mai 2015 : Le conseil d’administration de Lafarge approuve le dépôt d’offre publique d’échange d’Holcim sur les actions de Lafarge.

Le projet d’OPE  est présenté à l’Autorité des marchés financiers (AMF). Lafarge publie sa note en réponse.

12 mai 2015 : L’AMF publie le document de base d’Holcim établi dans le cadre de l’OPE sur Lafarge. Celui-ci contient toutes les informations pro-forma sur le futur groupe LafargeHolcim. Il émet des réserves sur la réalisation des synergies (1,4 milliards prévus) et évoque notamment les litiges en cours. Lafarge et Holcim font l’objet de nombreuses procédures des autorités de la concurrence un peu partout dans le monde y compris dans l’Union Européenne. Les pratiques concurrentielles des deux groupes posent un certain nombre de questions.

Le même jour, Holcim annonce qu’Harris Associates vient de vendre une part de ses titres Holcim et qu’il ne possède plus que 2,98% du capital.

19 mai 2015 : Dans le cadre du projet de fusion le groupe Lafarge annonce lancer un projet de réorganisation des fonctions centrales de l’entreprise avec la suppression de 380 emplois en France.

Le Figaro annonce que le conseil d’administration d’Holcim vient de nommer Kaspar E.A Wenger, actuel directeur financier du groupe pour la zone du centre de l’Europe, comme nouveau président d’Holcim suisse. Sa nomination sera effective le 30 juin. Il assumera en outre la direction de la région Europe Centrale (Suisse, sud de l’Allemagne, Italie).

20 mai 2015 : C’est au tour d’Holcim d’annoncer la suppression de 120 postes en Suisse dans le cadre de la fusion des deux groupes.

Ces suppressions de postes consistaient en outre l’une des principales raisons de rejet par Actares de la fusion Holcim-Lafarge.

28 mai 2015 : L’AMF donne son visa au projet d’OPE d’Holcim sur Lafarge.

1er juin 2015 : Début de l’offre : les actionnaires peuvent obtenir 9 actions Holcim pour 10 Lafarge.  L’offre sera ouverte pendant 25 jours de Bourse et terminera le 3 juillet 2015 et sera valide si deux tiers des actions de Lafarge sont apportées à l’offre.

12 juin 2015 : Thomas Schmidheiny, 1er actionnaire d’Holcim avec 20 % du capital, confie dans une interview au magazine suisse Bilanz que selon lui, l‘action de la nouvelle entité née de la fusion Lafarge-Holcim devrait rapidement atteindre un cours de 100 FS.

2 juillet 2015 : Les actions Lafarge ne sont plus cotées sous le mnémo LG sur Euronext mais avec un code temporaire LGT  et ceci jusqu’au 7 juillet. Les actionnaires dénoncent le manque d’information et  se plaignent de ne pouvoir vendre leurs actions, à deux jours de la fin de la première période d’OPE.

7 juillet 2015 :  Selon les résultats provisoires, 87,46 % du capital et équivalent à au moins 81,47 % des droits de vote de Lafarge ont été apportés à l’OPE. L’Offre était soumise à la condition de l’obtention par Holcim  d’un seuil de réussite de 2/3 du capital ou des droits de vote. Les résultats définitifs seront publiés le 9 juillet 2015.

9 juillet 2015 : L’AMF publie  les résultats définitifs de l’offre publique d’échange. A l’issue du règlement-livraison de l’offre prévu le 10 juillet 2015, Holcim Ltd détiendra 252 230 673 actions Lafarge S.A. représentant 87,46% du capital et au moins 83,94% des droits de vote de Lafarge S.A. sur la base du nombre total d’actions en circulation au 8 juillet 2015.

10 juillet 2015 : Réglement-livraison des titres HolcimLafarge issus de la première phase de l’échange .

Bruno Lafont quitte ses fonctions de PDG de Lafarge et en devient président d’honneur. Il est remplacé par Eric Olsen qui en devient PDG et Administrateur. Eric Olsen est également nommé Directeur général de LafargeHolcim. Il est par ailleurs membre du Conseil de Surveillance de Cimpress NV (cotée aux Pays-Bas).

14 juillet 2015 : Holcim devient LafargeHolcim et l’action est cotée sur Euronext sous le mnémo LHN. LafargeHolcim confirme viser 1,4 mds € de synergies dans les trois ans.

15 juillet 2015 : Ré-ouverture de l’OPE sur les mêmes bases.

29 juillet 2015 : Lafarge annonce une hausse de 5% de son chiffre d’affaires au 1er semestre 2015 à 3,5 milliards €, mais une perte de 381 millions € contre 205 millions € de bénéfice un an plus tôt en raison d’effets comptables liés à la fusion. Holcim a dégagé de son côté un bénéfice net trimestriel de 311 millions FS contre 479 millions FS un an plus tôt. Les premiers résultats combinés du nouveau groupe seront présentés lors des résultats du 3e trimestre 2015.

30 juillet 2015 : Clôture définitive de l’OPE sur Lafarge 

31 juillet 2015 : A l’issue du règlement-livraison de l’offre ré-ouverte prévu le 4 août, LafargeHolcim détiendra 278.131.864 actions Lafarge S.A. représentant 96,41 % du capital et au moins 95,25 % des droits de vote de la société française.

3 août 2015 : CRH a annoncé lundi 3 août la conclusion d’achat d’actifs de Lafarge et Holcim, pour un montant de 6,5 milliards €. Sont concernées toutes les activités françaises d’Holcim à l’exclusion des actifs en Alsace.

4 août 2015 : LafargeHolcim (ex-Holcim) a décidé d’initier une procédure de retrait obligatoire de toutes les actions Lafarge émises et en circulation, ayant dépassé le seuil nécessaire de 95% du capital et des droits de vote. La date de la mise en oeuvre sera précisée ultérieurement. D’ici là les actions Lafarge restent négociables.

8 août 2015: S&P a rehaussé la notation de plus de 5 milliards € de dettes à court terme de Lafarge SA. Ces titres sortent ainsi grâce à la fusion de la catégorie spéculative et obtiennent le rating BBB identique à celui de la nouvelle maison mère LafargeHolcim. L’OPE se révèle donc d’ores et déjà, très  profitable pour les porteurs de dettes de Lafarge (1 milliard € à échéance de novembre 2018).

10 août 2015: Moody’s réhausse à son tour la notation de dettes de Lafarge SA qui sortent ainsi de la catégorie junk bonds. Résultat: LafargeHolcim va économiser 120 millions € sur la dette notée par Moody’s au cours des quatre prochaines années, selon Bloomberg.

7 septembre 2015 :  LafargeHolcim lance une offre de rachat partiel  de ses obligations 2016, 2017, 2018 et 2019, en vue de réduire sa dette.

10 septembre 2015 : Suite à la fusion avec Lafarge et comme promis, les actionnaires de LafargeHolcim se voient attribuer  un dividende exceptionnel sous forme d’une action nouvelle LafargeHolcim pour 20 actions existantes.

14 septembre 2015 : L’offre de retrait obligatoire de LafargeHolcim sur les actions Lafarge non détenues par le groupe franco-suisse est déposée auprès de l’Autorité des marchés financiers. Le Suisse propose d’indemniser les actionnaires soit en cash à hauteur de 60 euros par action Lafarge, soit en titres LafargeHolcim. Pour ceux qui ont un regret et souhaitent apporter leurs actions Lafarge à l’OPE suisse , il est toujours temps. Ils auront à nouveau deux semaines ( du 1er au 14  octobre, en principe) pour se décider et cette fois-ci ils auront droit à 9,45 actions LafargeHolcim contre 10 Lafarge. La parité qui était de 9 Holcim pour 10 Lafarge a évolué puisqu’elle inclut maintenant le dividende exceptionnel versé le 10 septembre à ceux qui avaient déjà apporté leurs actions à l’offre. 

15 septembre 2015 : Le cimentier irlandais CRH est en mesure de finaliser son acquisition de 6,5 milliards € d’actifs des sociétés ex-Holcim et Lafarge. LafargeHolcim va recevoir cette somme sous peu.

17 septembre 2015 : LafargeHolcim annonce qu’il va réussir à racheter une partie de la dette de Lafarge pour un montant nominal de 2,25 milliard €. Cette opération permettra à LafargeHolcim de réduire sa dette et d’abaisser ses charges d’intérêt futures. Le réglement est prévu le 21 septembre. 

29 septembre 2015 : L’AMF a déclaré la conformité de l’offre publique de retrait obligatoire des actions Lafarge lancée par LafargeHolcim. Alors que le prix de 60 € était contesté avec des arguments tangibles, l’autorité s’est refusé à expliquer les contre-arguments avancés par  l’expert indépendant Accuracy pour justifier du prix.  

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Admin
8 années plus tôt
Reply to  André Musset

Bonjour et merci pour votre commentaire. Toutefois, je ne pense pas que vous ayez été roulé, du moins par rapport à l’OPE initiale. En effet, la troisième opportunité d’échange s’est faite sur une parité de 10 Lafarge pour 9,45 Holcim, contrairement aux apparences, ce n’est pas une offre améliorée. C’est la même offre que celles qui précédaient sur la base de 9 Holcim pour 10 Lafarge si on considère que ceux qui ont été à l’échange 9/10 ont eu droit, en plus après le règlement livraison, à une action gratuite Holcim pour 20 Holcim détenues ( ce qui revient au même que 9,45 contre 10) C’est intéressant de remarquer que, par conséquent, il n’y avait pour les actionnaires individuels aucune urgence à apporter leurs actions ( et surtout pas grand intérêt) dans la première phase de l’OPE. J’espère vous avoir éclairé, ces opérations sont très difficiles à suivre, c’est pourquoi… Lire la suite »

André Musset
8 années plus tôt

Le retrait obligatoire accorde des conditions beaucoup plus favorables pour les détenteurs d’actions Lafarge que l’acceptation de l’offre initiale d’échange . J’ai le sentiment d’avoir été roulé par les dirigeants d’une entreprise à auxquels j’accordais ma confiance depuis longtemps .

jverne
8 années plus tôt

Super article, mais il y a une petite erreur.
19.05.205, Kaspar Wenger ne remplace que le CEO de la region central Gerd Aufdenblatten. Pas le president du groupe

http://www.tdg.ch/economie/entreprises/holcim-designe-nouveau-president-entite-suisse/story/30303049

Admin
8 années plus tôt
Reply to  Juju

Merci pour votre commentaire tout à fait intéressant.
Nous rajouterons votre information à la chronologie.
Continuez de nous suivre et de nous faire part de votre point de vue !

Juju
8 années plus tôt

Vous pourriez peut-être rajouter cet élément qui n’est pas neutre dans votre historique, il montre que Holcim a fait aussi un effort de son côté.

« Afin de sauver le projet de fusion, le conseil d’administration d’Holcim a engagé la banque d’investissement Perella Weinberg Partners, ont indiqué plusieurs personnes. Peralla a calculé que 59% de la contribution aux bénéfices provient d’Holcim et seulement 41% de Lafarge, a ajouté une personne proche du dossier. »

Merci en tout cas pour cet article qui m’évite un travail fastidieux !